Pour cet été, plutôt que de vous donner à lire de longues critiques, je vous propose une liste de 50 films que j’apprécie tout particulièrement afin d'échanger avec vous autour du cinéma. Pour réaliser cette sélection, je me suis astreint à des oeuvres que je n’avais jamais critiquées sur Chacun Cherche Son Film. De la même manière, les longs-métrages retenus devaient appartenir à des genres différents. C’est ainsi que vous trouverez aussi bien de la comédie que du cinéma fantastique ou érotique, et même du cinéma d’auteur français ! J’espère que cette sélection vous fera réagir et vous surprendra tout en vous faisant découvrir de petites perles.

En quelques lignes, j’essayerai pour chaque long-métrage de vous expliquer pourquoi cette oeuvre compte pour moi afin de vous donner envie de le voir ! N’hésitez pas à commenter sur les réseaux sociaux !

# 9 Tron de Steven Lisberger

Le film en VOD : https://www.disneyplus.com/fr-fr/movies/tron/4MFq1JeXEe1z

Le réalisateur de Tron , Steven Lisberger, a démarré sa carrière dans le cinéma d’animation avec des courts-métrages plutôt alimentaires. Il est alors engagé pour réaliser un programme d’animation pour les Jeux olympiques de Moscou de 1980. Mais suite à l’invasion de l’Afghanistan, NBC annula la commande et Lisberger doit trouver de nouveaux projets pour remettre à flot la société qu’il a créée. Il va alors se consacrer à un projet qui le taraude depuis longtemps, un long-métrage sur les jeux vidéo mélangeant animation et film live. Il part rencontrer les décideurs des studios qui refusent le projet et lui répondent que le jeu vidéo serait une mode sans lendemain ! Alors qu’il est prêt à abandonner, son entrevue avec les pontes de Disney se passe bien. Le nouvel arrivant Tom Wilhite, en charge des projets cinéma du studio, souhaite dépoussiérer l’image de Disney et va offrir le soutien technique de ses équipes ainsi qu’un budget de presque 12 millions de dollars (somme énorme à l’époque) à Lisberger

Pour créer les images de Tron , Lisberger va avoir recours à l’animation à base de rétroéclairages. Cette technique consiste à filmer les acteurs en noir et blanc sur un fond sombre. Les images obtenues sont ensuite transformées en négatif (on met cependant un cache sur le visage) pour ne garder que les lignes noires que l’on remplace en postproduction par des lumières dont la couleur et l’intensité sont réglables.

Tron aura aussi recours aux ordinateurs pour générer les différents éléments de décor. On assiste ici à une révolution technique au sein du studio Disney où le dessin à la main était la norme. Il faut noter qu’un certain John Lasseter  participera à l’aventure de Tron . Cette expérience lui fera entrevoir les possibilités des images numériques et le poussera ensuite à créer Pixar.

Tron est un excellent film même si son langage technophile et ses images sont moins révolutionnaires qu’à l’époque de sa sortie. Certains critiques, incapables de se replonger dans les années 80, jugent simpliste le scénario du film inspiré par Spartacus. Ils fallaient néanmoins proposer un récit simple pour expliquer des concepts comme l’intelligence artificielle, le virtuel ou l’Internet aux spectateurs. Avec Tron , c’était la première fois au cinéma qu’on parlait de cheval de Troie ou de systèmes d’exploitation ! Il ne faut pas l’oublier !

Un classique sur lequel je reviendrai plus longuement dans le cadre d'un dossier. À voir ou à revoir sur Disney + !

#8 L'Histoire sans fin de Wolfgang Petersen

Le film en VOD : https://www.youtube.com/watch?v=igCKOoDkUL8

Au début des années 80, grâce au succès critique et populaire de son Das Boot , Wolfgang Petersen peut voir très grand pour son prochain film. Il décide alors d’adapter le classique de Michael Ende* pour la coquette somme de 27 millions de dollars. Pour réussir cette entreprise inédite dans le cinéma contemporain allemand, il peut compter sur des techniciens européens émérites tels que Rolf Zehetbauer le décorateur de Cabaret, ou le hollandais Jost Vacano , chef opérateur de Verhoeven sur Spetters et RoboCop . Même si on note la présence de capitaux américains dans la production, on retiendra tout de même la facture technique du film qui n’a rien à envier à Hollywood en matière de fantasy.

Si le film fait partie de mon panthéon des oeuvres pour la jeunesse, c’est en raison du respect de ses investigateurs pour l'intelligence de son jeune public. En effet, L'Histoire sans fin parle de la mort et du désespoir aux enfants par le biais d’un terrible ennemi :  le néant qui anéantit le monde merveilleux de Fantasia. En mettant en lumière la nécessité du merveilleux dans nos tristes existences, L'Histoire sans fin apprendra aux plus jeunes, par le biais de la quête d’Atreju, à dépasser les aléas de la vie grâce à leur imagination. Rajoutez à cela une mise en scène et un casting impeccable, une histoire ambitieuse, et vous obtenez l’un des meilleurs film pour les enfants. Chef d’oeuvre ? Assurément !

*L'Histoire sans fin est à l’origine un roman allemand de Michael Ende considéré comme un classique de la littérature jeunesse. L'adaptation au cinéma de son compatriote Wolfgang Petersen en 1984, sera rejeté par Michael Ende car elle ne reprenait qu’une partie de son roman tout en opérant certains changements comme la couleur de peau du jeune Atreyu.

 

#7 Superman de Richard Donner

Le film en VOD : https://www.filmotv.fr/film/superman/911.html

Projet amorcé par les Saldkind, producteurs du magnifique diptyque autour des Trois Mousquetaires réalisé par Richard Lester , Superman est toujours 40 ans après sa sortie, l’une des plus belles adaptations d’un comics au cinéma.

Beaucoup de choses ont été dites sur ce monument du cinéma qui fut tourné par un Richard Donner qui sortait du succès de La Malédiction. Un projet exigeant pour un réalisateur qui devait tourner les deux premiers volets de Superman en même temps. Une méthodologie de production et de tournage devenue la norme aujourd’hui pour certaines sagas cinématographiques, mais qui était encore exceptionnelle à l’époque. Pour autant, le second volet sera officiellement signé par Richard Lester, suite à une mésentente entre Donner et les producteurs qui engagèrent le cinéaste des Trois Mousquetaires pour tourner de nouvelles scènes et remonter le travail de son prédécesseur.

On retrouve dans le premier Superman des acteurs solides censés donner de la légitimité à un genre plutôt moqué par les studios à l’époque. Les Salkind ont ainsi engagé des acteurs oscarisés tels que Gene Hackman ou Marlon Brando. Cependant, la révélation du film est Christopher Reeve qui joue avec une grande force de conviction Superman. Victime d’un terrible accident de cheval, il n’aura jamais eu la carrière qu’il méritait alors qu’il est excellent dans les Superman mais aussi dans des rôles plus dramatiques comme dans Quelque part dans le temps ou Les Vestiges du jour .

La famille Salkind voulait montrer à tout Hollywood qu’on pouvait faire un grand film de cinéma à partir d’un comics. Le résultat à l’écran est un long-métrage parfaitement construit. L’excellent script de Mario Puzo (scénariste du Parrain !) et la mise en scène de Donner où chaque plan est extrêmement graphique, sont essentiels dans la réussite d’un film où l’on passe de l’intime au grand spectacle avec une aisance rare. Un classique tout simplement !

 

#6 Rien que pour vos cheveux de Dennis Dugan

Le film en VOD : https://www.universcine.com/films/rien-que-pour-vos-cheveux

Porté par un Adam Sandler déchaîné, Rien que pour vos cheveux est une comédie où les gags scabreux sont là pour nous parler du conflit israélo-palestinien. Le film met en scène un agent du Mossad qui décide d’en finir avec les combats pour réaliser son rêve de devenir coiffeur. Immigré aux USA, travaillant pour une jolie Palestinienne, son passé se rappellera à lui quand il apprendra que son ennemi juré Le fantôme est encore en vie. Il devra alors affronter son ancien adversaire et une bande de rednecks espérant profiter des réminiscences du conflit au Moyen-Orient pour faire la main basse sur les habitations des Palestiniens et Israeliens installés à New York.

Quand on voit le film, on se rend compte du génie comique de Sandler qui joue avec un sérieux imperturbable un personnage aussi niais qu’infantile. L’acteur déploie une énergie fantastique afin de donner vie à un héros expert en combat qui se la joue Jacques Dessange. On soulignera également le culot salvateur des scénaristes qui tournent en dérision la haine viscérale entre deux peuples. Mangeur de hummus (ma drogue personnelle) réunissez-vous, semble dire le film ! Rien que pour vos cheveux dynamite les institutions et ridiculise le terrorisme avec l’hilarante scène du service après-vente du Hezbollah, tout en nous proposant un florilège de blagues zoophiles ou gérontophiles du plus bel effet.

Le film provoque un rire libérateur et grossier qui porte un vrai message satirique et politique sur un conflit que peu de cinéastes osent aborder. Une véritable bombe ! À mourir (littéralement) de rire !

 

#5 Silent Hill de Christophe Gans

Le film en VOD : https://www.cinemasalademande.com/fr/tous-les-films/5362-silent-hill.html

Christophe Gans est un réalisateur ambitieux que la critique française n’a jamais vraiment porté dans son coeur, le considérant au mieux comme un Besson de seconde zone. Une appréciation assez négative par rapport au travail de l’ancien rédacteur en chef de Starfix, qui aura proposé une alternative française plutôt pertinente aux superproductions américaines avec Le Pacte des loups , sorte d'Angélique marquise des anges mâtinées de Kung Fu. Gans fut également l’un des premiers réalisateurs à s’emparer de l’imagerie des mangas dans les années 90 avec Crying Freeman .

Son Silent Hill est sans doute la meilleure adaptation de jeux vidéo au cinéma. Gans arrive en effet à traduire de manière cinématographique l’immersion liée au jeu en restituant les sensations du best-seller ludique de Konami. Afin de rendre le caractère contemplatif du jeu, Gans choisit de faire un long-métrage de plus 2 heures à une époque où les films d’horreur ne dépassent pas une heure trente. Quant aux décors, il fait reproduire à l’identique les environnements aperçus dans le jeu. Enfin, le scénario de Roger Avary adopte la mécanique des hits vidéoludiques de Konami, avec une héroïne devant trouver des objets pour pouvoir avancer dans l’histoire.

On pourra cependant reprocher au film l’usage d’un montage alterné. En effet, on suit notre héroïne dans la ville maudite de Silent Hill mais aussi de temps en temps, son mari qui la recherche partout. Si cette idée assimile le film à l’Orphée de Cocteau , elle limite l’immersion dans l’univers torturé de la bourgade de Silent Hill et s’avère bien trop explicative. Silent Hill est tout de même le meilleur film de son auteur qui arrive à allier ici émotion et formalisme par l’intermédiaire d’un décor qui devient le catalyseur du désordre émotionnel de ses protagonistes.

Que demander de plus ? Une suite avec Gans aux manettes comme l’annoncent certains journaux ? Je serais le premier à aller la voir en salles si c’est le cas !

Mad Will

Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour mes cinq derniers films !