Pour cet été, plutôt que de vous donner à lire de longues critiques, je vous propose une liste de 50 films que j’apprécie tout particulièrement afin d'échanger avec vous autour du cinéma. Pour réaliser cette sélection, je me suis astreint à des oeuvres que je n’avais jamais critiquées sur Chacun Cherche Son Film. De la même manière, les longs-métrages retenus devaient appartenir à des genres différents. C’est ainsi que vous trouverez aussi bien de la comédie que du cinéma fantastique ou érotique, et même du cinéma d’auteur français ! J’espère que cette sélection vous fera réagir et vous surprendra tout en vous faisant découvrir de petites perles.

En quelques lignes, j’essayerai pour chaque long-métrage de vous expliquer pourquoi cette oeuvre compte pour moi afin de vous donner envie de le voir ! N’hésitez pas à commenter sur les réseaux sociaux !

#29 Showgirls de Paul Verhoeven

Le film en VOD : https://www.universcine.com/films/showgirls

Objet de tous les scandales à l’époque de sa sortie, ce film signé par Paul Verhoeven et Joe Eszterhas, sera descendu en flèche par la critique internationale. Showgirls est un bide en salles à la différence de Basic Instinct , la précédente collaboration entre les deux hommes. À l’époque, personne ne semblait prêt pour ce miroir déformant du monde du spectacle américain, criard et outrancier.

Pourtant quand on regarde Showgirls , on se demande encore ce qui a pu passer dans la tête de ceux qui ont pris le film au premier degré,  alors qu’il est évident que Verhoeven signe ici une peinture au vitriol des USA. En prenant comme cadre Las Vegas, cité de bric et de broc où l’on retrouve une fausse tour Eiffel et une pyramide, il veut montrer que l’industrie du spectacle américaine est aussi factice que cette ville aux origines mafieuses. Las Vegas est ici l’incarnation d’une Amérique consumériste où la seule morale est la loi du plus fort. Un pays pudibond en apparence, mais au final corrompu, où l’on vend les corps féminins comme du jambon sous cellophane. Paul Verhoeven va reprendre le principe des films autour de l'ascension d'artistes tels qu’ Une étoile est née . Sauf qu’ici, sa success-story met en valeur des salopards prêts à tout pour gagner leur place.

La mise en scène de Paul Verhoeven est absolument brillante avec une caméra qui se glisse avec une grâce infinie dans le moindre recoin des décors. Le réalisateur semble vouloir offrir le plus bel écrin aux pathétiques spectacles de stripteases en mode aérobique de la cité du jeu qui ne comprend rien au mot érotisme. Il peut également compter ici sur des acteurs investis que ce soient Elizabeth Berkley en Américaine bas de plafond attirée par les projecteurs, Kyle MacLachlan en dandy corrompu ou Gina Gershon qui a passé la date limite de péremption pour le monde du spectacle. Showgirls est un conte de fées brutal et ordurier qui s’avère comme souvent chez le réalisateur, une oeuvre féministe qui dénonce une certaine culture du viol. Un film indispensable au même titre que les autres longs-métrages de sa filmographie !

 

# 28 Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy d' Adam McKay

Le film en VOD : https://vod.canalplus.com/cinema/presentateur-vedette-la-legende-de-ron-burgundy/h/2357736_40099

La légende de Ron Burgundy serait-il le film le plus marrant jamais réalisé ? Je serai tenté de répondre par l’affirmative à cette question. Que ce soit l'acteur Will Ferrell ou le réalisateur Adam McKay , ils ne feront jamais mieux dans le genre que ce sommet de l’absurde. À ce titre, je vous invite à revenir sur le premier volet de notre saga estivale autour de mes 50 films préférés où j’évoquais leur rencontre (lien).

Le secret de leurs meilleurs films ? Leurs personnages hauts en couleur dont l’extravagance est poussée à son maximum. Will Ferrell, à l’instar des plus grands génies comiques, peut vous faire rire sans avoir à prononcer un seul mot. Comme Leslie Nielsen avant lui, Ferrell a parfaitement compris que les situations comiques devaient être jouées avec le plus de sérieux possible afin de déclencher les rires. La manière de déplacer difficilement son mètre quatre-vingt-dix, ses tics et son air d'ahuri sont au service de personnages associaux en lutte contre le monde réel. Dans Ron Burgundy, il est particulièrement à son aise, en présentateur vedette de télévision régionale profondément idiot et macho. De plus, il est entouré d’une équipe de journalistes aussi cons que lui. Nous avons tout d’abord David Koechner qui interprète un  journaliste sportif qui ferait passer Pascal Praud pour un énarque, Paul Rudd en journaliste que l’on dirait échappé d’un bouvard des années 70 et Steve Carell qui joue un monsieur météo au QI de 45 qui se promène avec un trident.

Au-délà des blagues vraiment tordantes qui reveilleront vos zygomatiques, le film propose une réflexion sur nos sociétés par le biais du personnage de la journaliste interprété par Christina Applegate. Son parcours montre en effet la difficulté pour une femme d’exister dans un monde professionnel où le patriarcat règne en maître.

À mourir de rire (littéralement), La légende de Ron Burgundy est un concentré du meilleur de la comédie américaine des 30 dernières années !

 

#27 À Toute Epreuve de John Woo

VOD ou DVD : Le film n'est malheuresement plus édité. Il faut le chercher en occasion !

À Toute Epreuve est une référence dans le cinéma d’action depuis bientôt 40 ans. Dernier film de John Woo avant la rétrocession de Hong Kong, ce long-métrage propose deux heures d’actions ininterrompues où la caméra épouse presque de façon sensuelle des gunfights toujours plus dantesques. Le réalisateur Hongkonais signe ici quelques-unes des plus belles séquences de sa carrière à l’image de ce final dans l’hôpital. John Woo organise le chaos afin de nous offrir une oeuvre d’art splendide qui agit sur nos sens. À ce titre, il est impossible de ne pas ressentir une certaine jouissance devant le spectacle proposé.

Le film a été depuis pillé plan par plan par le cinéma américain. Dans À Toute Epreuve,  John Woo a réinventé le cinéma d’action, qui devient grâce à ses plans superbement cadrés et son découpage somptueux, un genre noble digne des plus somptueux opéras de Pékin où les assaillants se déplacent comme dans un ballet. Si vous aimez le cinéma bourrin, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Un classique tout simplement !

 

#26 Garde à vue de Claude Miller

Le film en VOD : https://www.universcine.com/films/garde-a-vue

Claude Miller s’était fait connaître Avec La meilleure façon de marcher , premier long métrage puissant mettant en scène en scène Patrick Bouchitey qui subissait les brimades de Patrick Dewaere. Pour son troisième film, Miller accepte une commande D’Ariane Films qui lui suggère de mettre en scène un polar américain de la fameuse Série Noire de Gallimard, qui sera adapté par Michel Audiard . La relation entre l’ancien assistant des réalisateurs de la Nouvelle Vague et le scénariste vedette du cinéma populaire connu pour ses bons mots, sera orageuse. Les discussions vont être violentes entre le réalisateur qui rejette certains dialogues trop écrits et le scénariste de renom, habitué à ne jamais être remis en cause. Néanmoins, Audiard reconnaîtra que le travail avec Miller fut constructif et les hommes collaboreront pour un autre polar culte : Mortelle Randonnée .

Le résultat à l’écran est un bijou de mise en scène où deux monstres sacrés du cinéma, Lino Ventura et Michel Serrault offrent une prestation hors-norme. Miller aura recours au story-board et travaillera d’arrache-pied avec son équipe artistique pour proposer un film ou chaque plan a été pensé. Il va ainsi jouer habilement des échelles de plans, utilisant des cadres de plus en plus serrés à mesure que l’étau se resserre autour d’un Michel Serrault perdu dans ses mensonges. Il use également des clairs-obscurs dans la photographie du film pour nous signifier que l’homme n’est jamais totalement bon ni mauvais. En effet, le flic est prêt à tout pour trouver un coupable, tandis que son interlocuteur n’est pas forcément le monstre attendu.

Grâce à sa réalisation ciselée qui mériterait de devenir un objet d'étude en fac de cinéma et son magnifique duo d’acteurs,  Garde à vue est tout simplement un classique du 7ème art français.

 

#25 Lamu : Un rêve sans fin de Mamoru Oshii

VOD ou DVD : Le film n'est plus édité. Il faut le chercher en occasion !

Bien avant Ghost in the Shell , Mamoru Oshii s’interrogeait déjà sur notre réalité par l’intermédiaire de l’animation, avec Lamu : Un rêve sans fin . Ce film est à ce titre la pierre fondatrice de la carrière de ce cinéaste féru de philosophie. Après avoir réalisé des épisodes de la série animée Lamu, et un long-métrage toujours autour de l'héroïne de Rumiko Takahashi, il a pour la première fois de sa carrière carte blanche pour réaliser un film.

Lamu : Un rêve sans fin ne contentera pas Rumiko Takahashi et encore moins les fans de l’extraterrestre en maillot léopard, qui ne retrouvent pas dans ce long-métrage l’humour vaudevillesque de l’auteure de Ranma ½ et Juliette, je t'aime. Il clair que le réalisateur s'éloigne des oeuvres de Rumiko et de son humour fantasque, afin de proposer une impressionnante fable bergsonienne sur la notion de temps et de durée (en gros la différence entre le ressenti et le temps scientifique). Oshii impressionne par sa virtuosité en terme narratif, il arrive en effet à créer différentes couches de réalité truffées de mise en abyme sans jamais perdre son spectateur.  Du point de vue de la réalisation, le style du cinéaste japonais est déjà présent avec de longs et magnifiques plans contemplatifs qui n’ont rien à envier à ceux de Bergman . On notera aussi des emprunts à Chris Marker et sa Jetée pour certains décors. Sorti en 1984,  Lamu : Un rêve sans fin est un film qui annonce le cinéma de science-fiction à venir.  Inception , Matrix lui doivent beaucoup et paraissent moins accomplis dans leurs réflexions que le long-métrage de Mamoru Oshii !

Un réalisateur immense qui réussit à allier l’expérimental et le spectaculaire, transformant une simple commande en une oeuvre singulière à l’intelligence rare. Il est vraiment regrettable qu’il n’existe pas de réédition de Lamu : Un rêve sans fin depuis le DVD de 2004 de Kaze, alors que ce long-métrage est un chef-d'oeuvre de l'animation.

Mad WIll

A la semaine prochaine pour cinq nouveaux films !