Pour cet été, plutôt que de vous donner à lire de longues critiques, je vous propose une liste de 50 films que j’apprécie tout particulièrement afin d'échanger avec vous autour du cinéma. Pour réaliser cette sélection, je me suis astreint à des oeuvres que je n’avais jamais critiquées sur Chacun Cherche Son Film. De la même manière, les longs-métrages retenus devaient appartenir à des genres différents. C’est ainsi que vous trouverez aussi bien de la comédie que du cinéma fantastique ou érotique, et même du cinéma d’auteur français ! J’espère que cette sélection vous fera réagir et vous surprendra tout en vous faisant découvrir de petites perles.

En quelques lignes, j’essayerai pour chaque long-métrage de vous expliquer pourquoi cette oeuvre compte pour moi afin de vous donner envie de le voir ! N’hésitez pas à commenter sur les réseaux sociaux !

#50 Incassable de M. Night Shyamalan

Le film en VOD : https://vod.canalplus.com/cinema/incassable/h/268035_40099

Shyamalan signe ici le plus grand film de super héros. La différence entre le réalisateur du Sixième Sens et de la plupart des faiseurs du genre est son humanité. En effet, Shyamalan s’intéresse à l’homme avant de fixer son attention sur le costume. En se focalisant sur un agent de sécurité qui prend conscience de son pouvoir, le long-métrage devient alors un thriller passionnant sur la quête d’identité de notre héros. Pas forcément un gros succès à l’époque, Incassable a gagné au fur et à mesure des années ses galons d’oeuvre culte.

Les acteurs sont ici au meilleur de leur forme que ce soient  Samuel L. Jackson ou Bruce Willis. Quant à la mise en scène, elle est tout simplement d’un très haut niveau. À la manière du cinéma d’Hitchcock , chaque cadre est signifiant. La moindre image est ainsi pensée de façon géométrique pour renvoyer au comics et se retrouve bardée de motifs qui rappellent l’emprisonnement des personnages. Le réalisateur a ici parfaitement compris le sens du mot réalisation, en faisant passer toutes les informations par le visuel. Shyamalan manie ici tous les genres avec une facilité déconcertante, passant du drame familial au film de super héros puis au thriller. Au final, Incassable se révèle meilleur que Sixième Sens , car la connaissance de son twist n’amenuise jamais le plaisir que l'on prend devant le film.

Shyamalan signe ici une fable existentialiste bouleversante sur l’engagement, que tout cinéphile se doit d'avoir vu ! Indispensable tout simplement

 

# 49 Frangins malgré eux d'Adam McKay

Le film en VOD : https://www.netflix.com/fr/title/70093991

Je suis un grand fan des films d'Adam McKay avec Will Ferrell. Si la critique française a encensé le réalisateur pour ses longs-métrages plus sérieux tels que The Big Short sur les subprimes ou son Vice sur Dick Cheney, elle a cependant ignoré pendant un long moment ses comédies déjantées avec Will Ferrell, acteur qu’il avait connu lorsqu’il était scénariste en chef sur le SNL (Saturday Night Live). Ma rencontre avec les deux bonhommes se produisit un matin d’été sur Canal Plus, durant lequel mes rires résonnèrent à plusieurs kilomètres à la ronde. Je découvrais ainsi Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy qui fut le début d’une longue histoire d’amour avec le renouveau de la comédie américaine et ses personnages déclassés. J’apprécie d’autant plus Ron Burgundy , que je suis un fan de l’acteur Chevy Chase auquel Ferrell ressemble beaucoup au niveau de la stature et du jeu. Les deux acteurs arrivent en effet à jouer avec un aplomb remarquable et beaucoup de tendresse, des abrutis emprisonnés entre le monde de l’enfance et l’âge adulte. La légende de Ron Burgundy était un sommet d’humour absurde et s’appuyait sur un casting de haute volée où l’on retrouvait dans les seconds rôles, Steve Carell ou Paul Rudd. Adam McKay retrouvera ensuite Will Ferrell pour les excellents Ricky Bobby : roi du circuit et Frangins malgré eux .

Pourquoi avoir choisi Frangins malgré eux dans mes 50 films préférés ? Tout d’abord pour montrer aux cinéastes hexagonaux que l’on peut faire une excellente comédie sur deux quarantenaires qui ne veulent pas quitter le cocon familial, autrement plus intéressante que le téléfilm paresseux Tanguy et sa suite encore plus horrible. Amateur de blagues de mauvais goût, je suis aux anges avec un long-métrage qui n'hésite pas à nous montrer Will Ferrell utilisant ses testicules pour "salir" la batterie de son beau frère. Le film est vulgaire mais comme souvent dans la comédie américaine de l’époque, les auteurs en profitent pour nous offrir une radiographie plutôt maline de la société américaine derrière l’humour gras. En effet, Frangins malgré eux traite avant tout des dangers de l’infantilisation de la société occidentale. Ce long-métrage est également intéressant car il annonce la crise des subprimes.

Frangins malgré eux est une farce hilarante qui fustige à coup de "fuck" et de "pussy," une société ou l’égoïsme et la solitude règnent en maître.

 

#48 Le Maître des illusions de Clive Barker

Le film en DVD / BLU-RAY : https://lechatquifume.myshopify.com/products/lord-of-illusions

Concernant le film, je vous invite à le découvrir par le biais de la Director's cut proposée par Le Chat qui Fume. En effet, ce montage fonctionne bien mieux que la version remontée par le studio qui rendait parfois l’histoire incompréhensible.

Au milieu des années 90, le romancier Clive Barker est encore considéré par les producteurs d’Hollywood comme bankable grâce au succès surprise de Candyman qu’il avait écrit ainsi que les deux premiers Hellraiser . Pour son nouveau long-métrage, il signe avec la MGM afin de mettre en scène un personnage récurrent de ses romans : le détective privé Harry D’Amour. Si Barker est connu pour ses épanchements gore et une certaine imagerie sadomaso, Le Maître des illusions est sans doute le plus accessible de ses films avec des séquences d’horreur moins graphiques qu’à l’accoutumée dans son cinéma.

Par rapport à ses précédents essais dans le septième art, sa mise en scène est ici plus maîtrisée. Quant à sa direction d’acteurs, rien à redire !  Il a fait de nets progrès. Scott Bakula et  Famke Janssen sont très bien dirigés et montrent toute l’étendue de leur talent. Barker que Stephen King considérait comme l’écrivain fantastique le plus doué de sa génération, pose ici un regard orignal sur la magie avec cette histoire où un détective perdra pied dans un monde où l’illusion et la réelle magie (sans trucages) se confondent. Barker ménage parfaitement ses effets de surprise et il est relativement difficile de savoir à un moment ou un autre où il nous emmène. Encore une fois, Clive prouve qu’il est capable de créer de nouvelles figures du cinéma fantastique, à une époque où les auteurs du genre ne font que reprendre des figures existantes.

Ce conté de fées pour adultes est tout simplement l’un des meilleurs longs-métrages fantastiques des années 90 !

 

#47 Rocky   de John G. Avildsen

Le film en VOD : https://vod.canalplus.com/cinema/rocky/h/471558_40099

Rocky est une oeuvre habitée qui se confond avec l’histoire de son interprète Sylvester Stallone. Un petit gars d’Hell's Kitchen, rêvant de devenir star afin de s’élever socialement. Mais à l’aube des années 70, le garçon est loin d’être reconnu, tournant dans un film érotique de bas étage et vivant même à un moment dans la rue. Il est de plus moqué par les directeurs de casting en raison de sa paralysie faciale du côté gauche qui l’empêcherait, selon certains professionnels, d’avoir une bonne diction. Mais Stallone croit en sa bonne étoile. Vu qu'on ne lui laisse pas sa chance, il apprend alors à utiliser une machine à récrire et rédige le script de Rocky . Son script trouve preneur, mais les studios refusent catégoriquement que Stallone joue le rôle. Malgré les sommes rondelettes proposées, Sylvester refuse de vendre son scénario s’il ne joue pas le rôle principal. L’acteur et scénariste finira quand même par réussir à faire produire le film. Mais le budget alloué est ridicule et les délais de tournage extrêmement courts. Personne ne semble croire au potentiel commercial d'un long-métrage qui est envisagé comme un bouche-trou pour des cinémas de seconde zone. Cependant, sur le plateau, Sylvester harangue les techniciens, motive ses collègues acteurs et retravaille le script sans être rémunéré comme scénariste. De plus, Il peut s’appuyer sur un excellent technicien, John G. Avildsen qui tourne le film à la manière du cinéma indépendant, sa mise en scène allant à l’essentiel.

Rocky sort alors dans les salles et c’est un carton inattendu !  Pourquoi ? La réponse est simple : le film réussit tout ce qu’il entreprend. Stallone signe ici une déclaration d’amour à une Amérique miséreuse qui se bat chaque jour pour survivre. Son personnage parle au public car il n'est pas manichéen. C'est en effet un pauvre gars obligé de se salir les mains pour un peu d’argent au début du film, mais c’est également un mec téméraire qui essaye de faire de son mieux dans un climat social pas facile. Stallone fait aussi preuve d’un romantisme touchant quand il nous donne à voir l’amour naissant entre ces deux âmes en peine que sont Rocky et Adrienne. On pense particulièrement à la séquence de la patinoire qui fut pourtant improvisée durant le tournage. Ajoutez à cela une réalisation énergique enchaînant les séquences cultes comme la scène de l’escalier, des seconds rôles meilleurs les uns que les autres qui trouvent le rôle de leur vie comme Carl Weathers, Burt Young, Burgess Meredith et Talia Shire, et vous obtenez un film dont Stallone essayera durant toute sa carrière de retrouver la magie.

Simple, mais jamais simpliste, magnifiant la boxe dans ses combats parfaitement chorégraphiés, Rocky est un grand film à voir et à revoir.

#46 La clef de Tinto Brass

Le film en VOD : https://www.canalplus.com/charme/la-cle/h/2881251_40099

Tinto Brass ! Le maestro de l’érotisme italien. Passionné par le cinéma dès son plus jeune âge, Brass a travaillé comme archiviste à la cinémathèque avant devenir l’assistant de grands réalisateurs italiens tels que Fellini ou Rossellini . Si Brass a fait des études de droit, le barreau ne l’a jamais intéressé autrement qu’au coin des lèvres, lui que l'on voyait toujours en train de fumer des havanes.

Son premier film Chi lavora è perduto sera fortement influencé par la Nouvelle Vague. Dans ses  longs-métrages suivants, il passera d’un genre à l’autre. On pense en particulier au thriller Col cuore in gola qui navigue entre giallo et film Pop. Au début des années 70, c’est un cinéaste reconnu et sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. En 1975, le sulfureux Salon Kitty fera de lui l’un des plus l’un plus grands cinéastes dans le domaine de l’érotisme.

La clef est peut-être le plus beau film de cet esthète qui magnifiait les femmes. Comme dans les meilleurs Tinto Brass, le personnage féminin apprend ici à connaitre et maitriser son désir afin de prendre le contrôle du regard des autres. Conscient que l’attente est primordiale dans le cinéma érotique, Brass se joue de son spectateur voyeur, en nous révélant dans un premier temps le corps de Madone de Stefania Sandrelli, seulement au détour d’une rue ou d’une porte. Comme souvent chez lui, il affiche également dans son film sa haine des bigots, des bourgeois, du machisme et de la religion, tout en faisant l’apologie des quadragénaires aux formes généreuses.

Mad WIll

A la semaine prochaine pour cinq nouveaux films !