Pour cet été, plutôt que de vous donner à lire de longues critiques, je vous propose une liste de 50 films que j’apprécie tout particulièrement afin d'échanger avec vous autour du cinéma. Pour réaliser cette sélection, je me suis astreint à des oeuvres que je n’avais jamais critiquées sur Chacun Cherche Son Film. De la même manière, les longs-métrages retenus devaient appartenir à des genres différents. C’est ainsi que vous trouverez aussi bien de la comédie que du cinéma fantastique, érotique, et même du cinéma d’auteur français ! J’espère que cette sélection vous fera réagir et vous surprendra tout en vous faisant découvrir de petites perles.

En quelques lignes, j’essayerai pour chaque long-métrage de vous expliquer pourquoi cette oeuvre compte pour moi afin de vous donner envie de le voir ! N’hésitez pas à commenter sur les réseaux sociaux !

#45 L'Antre De La Folie de John Carpenter

Le film en DVD : Lien

Adulé par les fans de genre et respecté par la critique, John Carpenter nous aura offert une palanquée de chefs-d’œuvre tels que The Thing , New York 1997 , Starman ou le Prince des ténèbres …  L'Antre de la folie est souvent considéré comme le dernier sommet de sa carrière.  Si c’est un sommet pour Carpenter , c’est carrément un Everest pour les autres réalisateurs oeuvrant dans le cinéma d'horreur.  Portée par une mise en scène toujours aussi élégante, L'Antre de la folie est un « putain de bon film », sans doute moins accompli que The Thing mais qui s'avère essentiel dans l'histoire du genre.

Interprété par un Sam Neill toujours aussi impeccable, le héros de L'Antre de la folie sera confronté à l’indicible lovecraftien. Peut-on observer l’horreur et en ressortir indemne ? La réponse donnée par le film est négative. Par l’intermédiaire de sa caméra, Carpenter arrive ainsi à capter l’indicible grâce à des effets d’ellipses ou bien en allongeant ses plans afin de distiller un climat d’angoisse permanent, comme si le monde autour de nous allait d’effondrer. Un cauchemar lancinant qui culmine dans la séquence finale où le réalisateur nous pose la question de l’artiste démiurge. Conçu comme une Nuit américaine du cinéma d’horreur, L'Antre de la folie se joue avec délectation de la satanée frontière entre le réel et le surnaturel chère à Todorov. Un grand film de contamination, où l’imagination d’un écrivain vient corrompre le réel, à voir et surtout à revoir !

#44 L'Année du dragon de Michael Cimino

Le film en Blu-ray : Lien

Il y a bien longtemps, Mickey Rourke était un grand interprète dont le visage angélique ne ressemblait pas encore à un manifeste sur les méfaits de la chirurgie esthétique. Il suffit de voir sa prestation hallucinée dans L'Année du dragon pour se rendre compte que le comédien avait un magnétisme unique. Dans les années 80, il était tout simplement l'acteur le plus doué de sa génération, offrant des prestations habitées de haute volée chez Cimino mais aussi dans Angel Heart ou Rusty James .

L'Année du dragon a été taxée de raciste lors de sa sortie aux USA en raison de la soi-disante mauvaise image donnée par Michael Cimino de la communauté asiatique. Une accusation fallacieuse quand on connaît l’oeuvre de son réalisateur qui a radiographié l’immigration durant une grande partie de sa carrière, pour montrer que le rêve américain était une illusion.  Ainsi, dans Voyage au bout de l'enfer , il montrait le départ d’Américains d’origine russe partis se faire dézinguer au nom de la bannière étoilée. Enfin, dans son film maudit La Porte du paradis , il mettait en scène une conquête de l’Ouest sanglante et désabusée où de pauvres fermiers immigrants étaient en lutte contre de riches éleveurs.

Dans L'Année du dragon , il prend comme héros un flic d’origine polonaise obnubilé par sa volonté de rejouer le Vietnam. Sa croisade sanglante contre la pègre chinoise va devenir un moyen pour lui de ne pas avoir à faire face au tissu de conneries qu’il est censé défendre et qui l’a amené à faire la guerre en Asie. Quant à Chinatown, Cimino l’utilise pour nous montrer un pays désuni où chacun veut accéder par la violence à un ascenseur social qui n’a jamais vraiment existé. Rajoutez à cela, un scénario en béton d’Oliver Stone, une mise en scène énergique, et un acteur dont la beauté incandescente semble concentrer toute l’attention de la caméra, et vous obtenez un magnifique long-métrage crépusculaire annonçant les USA de Trump ou les communautés se déchirent les armes à la main.

 

#43 The Bride With White Hair de Ronny Yu

Le film en VOD / DVD : À venir !

Considéré comme l’une des réussites majeures du cinéma hongkongais des années 90, rien ne prédisposait The Bride With White Hair à devenir une référence du cinéma de l’ancienne colonie anglaise, au regard de ses conditions difficiles de production. Budget riquiqui bien loin des blockbusters du Tsui Hark , ses plateaux de tournage furent ravagés par les typhons avant même le premier clap. Ronny Yu décide alors d’utiliser des toiles peintes faute de décors. Les difficultés ne s’arrêtèrent pas avec l’arrivée des triades venues racketter les acteurs. Mais il tient le coup afin de prouver aux gens du métier, qu’il n’est pas qu’un simple faiseur de polars. Pour réussir cette entreprise, il pourra compter sur le chef opérateur de The Killer , Peter Pau et sur le couple d’acteurs le plus glamour de Hong Kong Leslie Cheung et Brigitte Lin. Au final, il signe l’un des meilleurs films du genre. Plutôt que de s’enfermer dans un certain classicisme, il nous donne à voir un wu xia pian (film de héros martial) moderne mêlant les genres avec un égal bonheur, passant de la comédie au film d’action ou à la romance avec une grande facilité. Ce long-métrage est également porté par une sensualité plutôt rare dans le cinéma asiatique souvent pudibond. Film de tous les excès esthétiques avec sa caméra et ses angles de vues alambiqués, l’artificialité des images est poussée à l’extrême pour le plus grand plaisir de ses spectateurs. Une oeuvre bien plus prenante que les Tigre et dragon et consorts pensés pour le public occidental. Fou et baroque, un long-métrage indispensable !

#42 Peau d'âne de Jacques Demy

Le film en VOD : https://vod.canalplus.com/cinema/peau-d-ane

De tous les cinéastes de la Nouvelle Vague, Jacques Demy est tout mon préféré. Pourquoi ? La réponse est simple. C’est un cinéaste qui allie la technique au discours. Pour un grand nombre de personnes, les films de Demy seraient de la guimauve ! Mais les ont-ils déjà vus ? Non. Car derrière les couleurs chatoyantes de l’enchanteur qu’était Demy , se cache une vision sombre de la société. On côtoie ainsi un serial killer dans Les demoiselles de Rochefort . De la même manière, nous avons le droit à un Michel Piccoli se tranchant la gorge face caméra dans Une chambre en ville .

Dans le cas de Peau d'âne , il n’hésite pas à parler de façon triviale d’inceste avec la chanson de la fée des lilas où Delphine Seyrig chante  « Mais une fille et son père c’est ma foi, Un échec assuré, une progéniture altérée ». Demy souhaitait pour mettre en images ce conte, retrouver l’esthétique bariolée du Blanche Neige de Walt Disney avec une profusion de couleurs rappelant le Technicolor d’antan. Il emprunte aussi au cinéma de Cocteau avec l’arrivée un brun surréaliste d’un hélicoptère en plein conte de fées. Avec ses chansons faisant allusion à la drogue et au sexe, Peau d'âne offre une double lecture qui lui permet d’être goûté par les enfants, et d’être regardé par les adultes qui apprécieront un long-métrage bien plus subversif qu’un Disney. Moins définitif que Les Demoiselles de Rochefort , Peau d'âne témoigne du talent d’un réalisateur qui savait concilier cinéma populaire et regard d’auteur. Une oeuvre à redécouvrir à l’instar de son Joueur de flûte , plus sombre encore !

#41 La Chair et le Sang de Paul Verhoeven

Le film en VOD : https://video-a-la-demande.orange.fr/film/LACHAIRETLEW0010796/la-chair-et-le-sang

Financée entre les USA et l’Europe, cette production prend le meilleur des deux continents en adoptant l’efficacité des films épiques américains tout en nous proposant un discours souvent blasphématoire, impossible à imaginer de l’autre côté de l’Atlantique. La Chair et le Sang aborde la période de transition entre le moyen-âge et la renaissance. Mais ne comptez par sur notre hollandais préféré pour vous offrir un récit précieux peuplé de gentilles princesses et de courageux princes. Chez Verhoeven, les héros n’existent tout simplement pas. Ici, les nobles manipulent les gueux qui ne sont pas plus respectables, brûlant et violant tout ce qui passe entre leurs mains. Verhoeven en provocateur né, ose tout en faisant d’une scène de viol un pamphlet féministe où la jeune femme renverse la position de domination de son agresseur en serrant les jambes autour de lui tout en simulant le plaisir. Le film est également d’une rare violence contre la religion. Instrument des fanatiques, elle ne sert qu’à justifier les pires exactions et manipuler les masses populaires profondément idiotes. Réflexion sur l’individualisme roi, le long métrage nous montre que le jeune prince qui se considère comme un scientifique et un humaniste, finira par se conduire comme un barbare, utilisant la science seulement pour soumettre et détruire l’autre.

Grâce à sa photographie splendide, sa bande originale signée épique par Basil Poledouris et son casting solide où le charisme de Rutger Hauer fait toujours son petit effet, vous obtenez un grand film d’aventures entre Richard Fleischer et Ken Russell . Un long-métrage essentiel à l’image du plus important réalisateur de ces quarante dernières années !

Mad Will

A la semaine prochaine pour cinq nouveaux films !