Je vous propose de découvrir ou redécouvrir aujourd’hui une courte sélection de petits joyaux du fantastique disponibles en VOD. Vous ne trouverez pas ici de Star Wars ou Retour vers le futur, le but ici est de partager mon amour du genre et d’évoquer des longs-métrages qui n’ont pas forcement l’honneur des médias, mais qui sont des œuvres fortes, audacieuses et originales. J’espère que cette sélection vous donnera envie de découvrir les films si vous ne les avez pas encore vus.

C'était demain de Nicholas Meyer

Voici une pellicule qui a fortement marqué mon imagination d’enfant. Le film raconte la traque par H. G. Wells de Jack l’Éventreur dans les USA de la fin des années 70.
Malcolm McDowell lors de l’hommage qu’il a reçu à la cinémathèque cette année, évoque le film comme l’un de ses préférés. Et je peux vous confirmer que le bougre a raison. Rarement, un film a aussi bien maîtrisé le concept de la machine à remonter le temps avec ses satanés paradoxes temporels. Nicholas Meyer le réalisateur est également écrivain, et a rédigé des nouvelles aventures de Sherlock Holmes absolument merveilleuses que je vous invite à dévorer comme La solution à 7 %. Nous avons affaire ici à un grand divertissement populaire aux retournements de scénario astucieux et porté par des dialogues ciselés et une mise en scène élégante. Nicholas Meyer réussit également à mêler les créations fictionnelles de Wells à la propre vie de l'écrivain. Enfin, Malcolm McDowell et David Warner prouvent qu’ils sont des immenses acteurs comme dans cette scène extraordinaire et mémorable qui se déroule dans un hôtel où Jack l’Éventreur regarde la télévision et déclare à H. G. Wells qu’il n’est qu’un amateur dans notre monde contemporain en termes d’horreur.  Ce long-métrage un peu oublié aujourd’hui (même si une série inspirée du film vient d'être lancée) a obtenu le Grand prix et l’Antenne d'or au Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1980. Des trophées amplement mérités pour un film que je considère à l’instar du Secret de la pyramide comme la référence du divertissement intelligent.

Le film présenté par Mad Will en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=i9hUIweV8nQ

En VOD sur VIDEOFUTUR : http://www.videofutur.fr/viewTitleDetails.do?titreId=10013785

Le film sur Filmo TV : https://www.filmotv.fr/film/c-etait-demain/1040.html

Dellamorte Dellamore de Michele Soavi

De tous les collaborateurs d’Argento, Michele Soavi est le plus doué et ce n'est pas un hasard s'il seconda Terry Gilliam sur le tournage des Aventures du baron de Münchhausen . Soavi se fit repérer dès son premier film Bloody Bird qu’il réalisa pour le compte de Joe d’Amato, connu par les amateurs de gore pour son Anthropophagus  et aussi pour les plus coquins d’entre vous pour mal de films X dont certains avec Rocco Siffredi. Soavi signe ensuite le Sanctuaire et La Secte sous le patronage d’Argento avant de voler de ses propres ailes avec ce Dellamorte Dellamore. Le long-métrage met en scène Rupert Everett dans un rôle gardien de cimetière qui est secondé par François Hadji-Lazaro, le leader des groupes Pigalle des Garçons Bouchers. Nous suivons un Rupert Everett mélancolique qui chaque nuit doit tuer une seconde fois les morts fraîchement enterrés. Dellamorte Dellamore est une merveille visuelle fortement influencée par la peinture. Soavi cite deux tableaux pour la conception du film :  Les Amants de Magritte et L'île des morts d’Arnold Böcklin. Le cinéaste compose des toiles macabres où la poésie n’est jamais absente comme avec ses feux follets tenus par des fils tout juste échappés d’un film de Méliès et qui éclairent les tombes pendant que les deux amants font l’amour. Le long-métrage mêle le romantisme, l’érotisme, l’humour et la mélancolie. C’est une oeuvre très européenne, littéraire, qui oscille entre l’horreur et le merveilleux. Le chat qui fume devait éditer le Blu-Ray, mais Canal + qui est détenteur des droits semble s’être montré trop gourmand. Un crime de lèse-majesté pour les cinéphiles déviants qui auraient aimé découvrir Anna Falchi en HD dont la beauté sans égale imprègne de façon inimaginable la pellicule. Iconoclaste et foncièrement original, un long-métrage à redécouvrir d’urgence !

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=XbQaRP0m2HE

En VOD sur Filmo TV : https://www.filmotv.fr/film/dellamorte-dellamore/7104.html

Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg

Beaucoup de choses ont été écrites sur le chef-d'oeuvre de Nicolas Roeg qui traite du deuil d'un enfant. Je revois le film régulièrement et je découvre toujours de petits détails, des pistes d'interprétations nouvelles. Le réalisateur anglais grâce à un montage novateur, voir expérimental, mélange les temporalités et les espaces. Ne vous retournez pas est un voyage vers une autre forme de cinéma, plus sensitive et émotionnelle qui parle directement à notre âme. Le couple composé par Donald Sutherland et Julie Christie est superbe et la scène de sexe dans le film est peut-être la plus sensuelle et la plus touchante de l'histoire du cinéma. Roeg signe ici sans doute son meilleur long-métrage. Le livre original de Daphné du Maurier organise suffisamment le récit pour permettre au cinéaste d’expérimenter et de créer de nouvelles formes filmiques sans nous perdre dans son récit comme dans son Eureka.  La scène finale reste un moment de terreur inégalable. Le film est simplement l’un des plus grands films fantastiques du cinéma . À voir ou revoir absolument !

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ICcRvXMw1t4

En VOD sur LaCinetekhttps://www.lacinetek.com/fr/tous-les-films/2137-ne-vous-retournez-pas-vod.html

En VOD sur Canalplay : https://www.mycanal.fr/cinema/ne-vous-retournez-pas/h/1251354_40099

2010 : L'Année du premier contact de Peter Hyams

2010 est le pestiféré de l’histoire du cinéma de science-fiction ! L’horrible vilain petit canard qui a fait tache par rapport au chef-d’oeuvre de Kubrick. 2010 reste pourtant l’un des meilleurs films de SF des années 80. Hyams son réalisateur, mais aussi chef opérateur, nous offre des images de toute beauté qui nous font ressentir l’immensité de l’espace et ses dangers. Hyams a privilégié dans ce film une approche réaliste,  utilisant une seule source lumineuse dans ses scènes spatiales pour éclairer ses vaisseaux comme le soleil le ferait dans la réalité. Effets spéciaux révolutionnaires, belle histoire, le film n'est pas une fable métaphysique comme 2001, mais il fonctionne très bien à l’écran. Un long-métrage fidèle aux textes de Arthur C. Clarke  qui reste une excellente pelloche de science-fiction à redécouvrir.

La bande-annonce : https https://www.youtube.com/watch?v=Gyf8QWoL7T0

En VOD sur Orange : https://video-a-la-demande.orange.fr/catalog/vod/video/2010LANNEEDW0025123/2010_L_annee_du_premier_contact.html#vod/movieDescription/2010LANNEEDW0025123

En VOD sur Nolim : https://films.nolim.fr/detail/type/title-slug/6eee1169-5c07-45ea-b436-0a1d22ea0976

Quelque part dans le temps de Jeannot Swarc

Accompagné par la musique de John Barry et servi par l’admirable scénario de l’écrivain Richard Matheson, le film est un drame romantique fantastique très réussi. Échec à sa sortie, le long-métrage est ensuite devenu culte. Les lieux de tournage sont ainsi devenus un lieu de pèlerinage annuel pour sa communauté de fans. Porté par une réalisation classique qui refuse les effets spéciaux, Jeannot Szwarc adopte une mise en scène pleine d’humilité au service de son excellent scénario. Le réalisateur d’origine française retrouve le charme de L’Aventure de Mme Muir avec un fantastique psychologique guidé par les sentiments. Il réussit brillamment un retour au cinéma de l’âge d’or hollywoodien. Grâce à un procédé poétique que je ne vous révélerai pas ici, il nous offre l’une des plus belles astuces de voyage dans le temps vu au cinéma.
Cette œuvre extrêmement touchante est portée par ses 2 interprètes fortement investis. Christopher Reeve joue avec élégance un personnage d’amoureux transi vraisemblable. Il est à ce titre regrettable qu’il soit resté enfermé dans les collants de Superman tant sa performance est marquante. Quand à Jane Seymour, magnifiquement photographiée, elle retrouve ici la grâce des icônes hollywoodiennes d’antan et son portait envoûtera pour longtemps même le cinéphile le plus aguerri.
Pas de second degré envahissant, de blagues tendancieuses pour gagner l’amitié du spectateur, l’histoire est belle. Je dois vous avouer que retenir ses larmes devant ce film reste un exercice très difficile. À noter que le retournement scénaristique final devrait être étudié en fac de cinéma tant il est d’une logique narrative implacable. Si vous recherchez un film romantique dans le sens le plus noble du terme, une œuvre mélancolique sur le temps qui passe ou un mélodrame jamais manipulateur, Quelque part dans le temps fera votre bonheur.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=6ZccNWAaDTI

En VOD sur Orange : https://video-a-la-demande.orange.fr/catalog/vod/video/QUELQUEPARTW0135434/Quelque_part_dans_le_temps.html#vod/movieDescription/QUELQUEPARTW0135434

Litan de Jean-Pierre Mocky

Litan est peut-être la plus belle tentative de fantastique Française et on la doit à un réalisateur plutôt spécialisé dans les comédies acides : M Jean-Pierre Mocky ! Même si le réalisateur avait déjà adapté La cité de l'indicible peur de Jean Ray. Dans Litan, on plonge vraiment dans un univers fantastique où l’onirisme est roi. Le scénario du film est cosigné par Scott Baker écrivain émérite de science-fiction américaine et Jean-Claude Romer, l'un des fondateurs de Paris Minuit. Litan est une oeuvre marquante, car elle arrive à développer son propre imaginaire. Pas d’influence ni de référence dans le film, on  assiste vraiment à la création d'un univers original et jamais vu au cinéma. Jean-Pierre Mocky s’est inspiré pour son étrange parade fantomatique des masques de mort dont s'affublaient les gens dans la Slovénie natale du cinéaste. La terreur naît ici des traditions paganistes avec ce carnaval mortuaire dont les héros du film ne semblent pas pouvoir s’échapper. À noter que le final du film annonce le jeu Silent Hill. Une oeuvre indispensable tout simplement !

La bande-annonce  : https://www.youtube.com/watch?v=CQta25IKuCA

En VOD sur Filmo TV : https://www.filmotv.fr/film/litan-la-cite-des-spectres-verts/3193.html

En VOD sur CanalVOD : https://www.canal-vod.com/Cinema/64889-litan-la-cite-des-spectres-verts

La Secte sans nom de Jaume Balagueró

Premier film signé par Jaume Balagueró, La secte sans nom est reparti de Gérardmer en 2000 avec de multiples récompenses :  Prix du jury, prix de la critique, prix du jury jeune et Prix de la découverte Ciné-Live. Ce film est une oeuvre noire et nihiliste qui rappelle dans son final crépusculaire Les Révoltés de l'an 2000 . Jaume Balagueró adapte ici Ramsey Campbell considéré par beaucoup comme le Stephen King anglais. Avec son esthétique proche de L'échelle de Jacob et Seven, le long-métrage n'est pas exempt de défauts en recourant à une ambiance glauque et à des espaces souvent vides pour compenser un faible budget. Jaume Balagueró ne maîtrise pas encore totalement les temps forts et faibles de son récit comme dans ses Rec ou Fragile à venir. Le réalisateur ibérique veut déstabiliser le spectateur comme dans cette séquence d’ouverture où il met en scène l’autopsie d’un enfant. Un talent fort était en train de naître avec La secte sans nom. Les films suivants du bonhomme ne feront que confirmer son talent.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ptYpPI6ywNc

En VOD sur VIDEOFUTUR : http://www.videofutur.fr/film/la-secte-sans-nom

En VOD sur Filmo TV : https://www.filmotv.fr/film/la-secte-sans-nom/3523.html

Le dieu d'osier de Robin Hardy

Intitulé The wicker man en version originale, cette réalisation est une petite merveille à ne pas confondre avec l’horrible remake réalisé par Neil LaBute en 2004 qui mettait en scène la star botoxée et spécialiste de l’évasion fiscale, Nicolas Cage.
Le Dieu d’osier est un film sur le culte devenu culte. C’est avant tout un improbable mélange des genres entre le thriller, le cinéma d’horreur, les nudies américains et les comédies musicales à la Jacques Demy. Ce n’est donc pas un hasard, si la pétillante Vimala Pons l’a présentée lors du Summercamp de Nantes comme l’œuvre la plus improbable jamais réalisée.
Et pourtant la magie opère durant les deux heures de film à la manière de la potion magique du druide Panoramix. Sorte d’Alice au pays des Celtes, ce conte primitif dévoile une étrangeté particulière, et devient totalement effrayant dans son dernier acte. Dénonciation de l’extrémisme des théologies, satire de l’emprise des sectes, Le Dieu d’osier mérite définitivement d’être (re)découvert.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=a-tDnavDCwI

En VOD sur Filmo TV : https://www.filmotv.fr/film/the-wicker-man/3440.html

En VOD sur MYTF1 VOD : https://mytf1vod.tf1.fr/films/redirect-11704

Les Chiens d' Alain Jessua

Dans une ville de la région parisienne, un jeune médecin doit faire face à une vague sans précédent de morsures. Il découvre rapidement que la ville est sous l’influence de Morel un éleveur de chien. Pour faire face aux problèmes d’insécurité, il fournit des molosses à chaque habitant.
Les chiens témoignent d’un cinéma des années 70 ou la notion de divertissement n’est pas forcement en contradiction avec un discours politique fort. À l’instar de la cinématographie d’un Yves Boisset ou d’un Costa-Gavras, Les chiens est à la fois un thriller rondement mené et une fable acerbe. Alain Jessua à travers la figure canine comme ultime mode de défense, démontre comment la peur peut s’insinuer dans les esprits et mener aux pires exactions. D’un point de vue stylistique, il filme Marne-la-Vallée qui devient sous le prisme de sa caméra, une petite ville clinique, sans identité, qui ressemble à un hôpital déshumanisé à ciel ouvert où seul le supermarché concentre les restes de vie.
En filmant les banlieues anonymes de la classe moyenne, le film ne peut être inscrit dans le temps et reste terriblement d’actualité. Enfin, Victor Lanoux trouve l’un des plus beaux rôles de sa carrière face à un Depardieu toujours aussi impérial dans son interprétation. Divertissant, efficace, servi par une solide interprétation et filmé avec un réel sens du cadre, Les chiens est à redécouvrir en DVD chez Studiocanal. Un film enragé qui n’avait pas peur dans les années 70 de dénoncer la nature fascisante de nos sociétés.

Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=5JwqorXp7Xc

En VOD sur CanalVOD : https://www.canal-vod.com/Cinema/51208-les-chiens

La Planète sauvage de René Laloux et Roland Topor

La planète sauvage est là pour rappeler que la science-fiction et la France ont une histoire commune très riche.
Le réalisateur René Laloux a signé trois œuvres essentielles dans le domaine de l’animation, coréalisées avec des auteurs cultes de BD : Les maîtres du temps avec Moebius, Gandahar avec Caza et enfin La planète sauvage avec Roland Topor,
La planète sauvage est un film unique rendant hommage au talent fou de Topor, Son univers visuel exubérant, son coup de crayon, rendent le film unique dans son genre. L’esthétique est riche et s’appuie sur des couleurs pastels de toute beauté. Portée par une animation en papier découpé et réalisée en Tchécoslovaquie, La planète sauvage remportera le prix spécial en 1973 à Cannes.
Sans revenir sur l’histoire de la SF, il est intéressant de noter qu’Alejandro Jodorowsky, fondateur du mouvement Panic au côté de Topor, allait aussi se lancer lui aussi dans un projet de SF. Son Dune produit par Michel Seydoux aurait fait de la France une référence pour la science-fiction au cinéma. Mais en raison de la frilosité de certains studios de cinéma qui se serviront pourtant abondamment des recherches visuelles des artistes recrutés par le cinéaste chilien, la science-fiction deviendra l’apanage du cinéma américain et du film Star Wars pour le meilleur et bien sûr le pire en termes d’imaginaire.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ZkIAkDsiUoo

En VOD sur UniversCiné : https://www.universcine.com/films/la-planete-sauvage

Mad Will