De tous les collaborateurs d’Argento, Michele Soavi est le plus doué et ce n'est pas un hasard s'il seconda Terry Gilliam sur le tournage des Aventures du baron de Münchhausen. Soavi se fit repérer dès son premier film Bloody Bird qu’il réalisa pour le compte de Joe d’Amato, connu par les amateurs de gore pour son Anthropophagus  et aussi pour les plus coquins d’entre vous pour mal de films X dont certains avec Rocco Siffredi. Soavi signe ensuite le Sanctuaire et La Secte sous le patronage d’Argento avant de voler de ses propres ailes avec ce Dellamorte Dellamore. Le long-métrage met en scène Rupert Everett dans un rôle gardien de cimetière qui est secondé par François Hadji-Lazaro, le leader des groupes Pigalle des Garçons Bouchers. Nous suivons un Rupert Everett mélancolique qui chaque nuit doit tuer une seconde fois les morts fraîchement enterrés. Dellamorte Dellamore est une merveille visuelle fortement influencée par la peinture. Soavi cite deux tableaux pour la conception du film :  Les Amants de Magritte et L'île des morts d’Arnold Böcklin. Le cinéaste compose des toiles macabres où la poésie n’est jamais absente comme avec ses feux follets tenus par des fils tout juste échappés d’un film de Méliès et qui éclairent les tombes pendant que les deux amants font l’amour. Le long-métrage mêle le romantisme, l’érotisme, l’humour et la mélancolie. C’est une oeuvre très européenne, littéraire, qui oscille entre l’horreur et le merveilleux. Le chat qui fume devait éditer le Blu-Ray, mais Canal + qui est détenteur des droits semble s’être montré trop gourmand. Un crime de lèse-majesté pour les cinéphiles déviants qui auraient aimé découvrir Anna Falchi en HD dont la beauté sans égale imprègne de façon inimaginable la pellicule. Iconoclaste et foncièrement original, un long-métrage à redécouvrir d’urgence !