Dans une ville de la région parisienne, un jeune médecin doit faire face à une vague sans précédent de morsures. Il découvre rapidement que la ville est sous l’influence de Morel un éleveur de chien. Pour faire face aux problèmes d’insécurité, il fournit des molosses à chaque habitant.
Les chiens témoignent d’un cinéma des années 70 ou la notion de divertissement n’est pas forcement en contradiction avec un discours politique fort. À l’instar de la cinématographie d’un Yves Boisset ou d’un Costa-Gavras, Les chiens est à la fois un thriller rondement mené et une fable acerbe. Alain Jessua à travers la figure canine comme ultime mode de défense, démontre comment la peur peut s’insinuer dans les esprits et mener aux pires exactions. D’un point de vue stylistique, il filme Marne-la-Vallée qui devient sous le prisme de sa caméra, une petite ville clinique, sans identité, qui ressemble à un hôpital déshumanisé à ciel ouvert où seul le supermarché concentre les restes de vie.
En filmant les banlieues anonymes de la classe moyenne, le film ne peut être inscrit dans le temps et reste terriblement d’actualité. Enfin, Victor Lanoux trouve l’un des plus beaux rôles de sa carrière face à un Depardieu toujours aussi impérial dans son interprétation. Divertissant, efficace, servi par une solide interprétation et filmé avec un réel sens du cadre, Les chiens est à redécouvrir en DVD chez Studiocanal. Un film enragé qui n’avait pas peur dans les années 70 de dénoncer la nature fascisante de nos sociétés.