Jean Samouillan, dans La réponse des bergers, s’invite chez des éleveurs caprins, Paulo et Martine Garcia, découvrant la ferme-ressource où le couple accueille de nombreux stagiaires et apprentis. La caméra suit ensuite la transhumance des bêtes, rejoignant d’autres troupeaux de chèvres pour un estive à Luzurs, où nous partageons le quotidien des hommes et des bêtes et prenons connaissance de l’histoire de la fromagerie qui y a été édifiée.

C’est dans le magnifique décor des Pyrénées ariègeoise que le réalisateur filme ses protagonistes, hommes et bêtes, n’hésitant pas à utiliser de superbes plans de drone pour nous offrir les meilleures images. Film très didactique, nous savons à chaque intervention qui parle et dans quel cadre, et nous apprenons (presque) tout de la fabrication des fromages de chèvre, frais ou en tomme.

En plus du couple, nous faisons la connaissance de leur fils et de sa compagne qui viennent les remplacer pendant leurs courtes vacances, et, lors de la transhumance, d’autres éleveurs, bergers et fromagers, ainsi que des artisans qui participent à la construction d’une nouvelle fromagerie.

Mais tout n’est pas forcément rose pour ces éleveurs militants. La vie en collectivité nécessite une bonne entente et beaucoup d’organisation, surtout lorsque la fromagerie se heurte à des soucis administratifs ubuesques qui auraient pu en décourager un grand nombre. Mais tous feront face à l’adversité, se mobilisant pour s’adapter à la nouvelle donne.

Mais c’est aussi et surtout un film qui donne du sens à l’activité de ces éleveurs, respectueux de la nature et de leurs bêtes. Les interviewés ont choisi de s’occuper des chèvres par l’envie de vivre une vie riche, respectueuse du vivant et de la planète. Venus d’origines très diverses, géographiquement et socialement parlant, ceux qui parlent face à la caméra veulent tous partager le bonheur d’une vie, certes dure par ses conditions, les bêtes exigeant des soins quotidiens, mais si enrichissante en ce qui concerne les relations au monde.

Certains diront qu’on ne nourrit pas la planète avec une telle agriculture, mais nous constatons surtout que, grâce à ces personnes respectueuses de leur environnement, nous l’entretenons et nous la réparons au lieu de l’épuiser.

Un très beau film à tous point de vue que je recommande chaudement à tous.

Laurent Schérer