Je vous propose de revenir aujourd’hui sur un classique de l’animation anglaise, multidiffusé dans son pays d’origine et intitulé The Snowman : Le bonhomme de neige . Une oeuvre restée longtemps inconnue dans nos contrées malgré le succès de sa chanson-titre Walking in the air. Ce film relativement court (une demi-heure) a néanmoins intégré le programme de l’éducation nationale il y a quelques années. Un chef-d’œuvre à faire connaître à vos enfants qui n’ont peut-être pas eu la chance de le découvrir en classe.

Le projet de réaliser une adaptation d'un classique de la littérature jeunesse signé Raymond Briggs est lié à la création d’une nouvelle chaine de télévision anglaise : Channel four. Cette arrivée de fonds dans un audiovisuel public anglais en souffrance était indispensable pour permettre aux producteurs de proposer une œuvre animée d’envergure qui rendrait hommage à son modèle littéraire. On retrouve à la réalisation Dianne Jackson qui a commencé dans le milieu du dessin animé sur le Yellow Submarine des Beatles. Son approche esthétique est originale puisque celle-ci a choisi d’utiliser les pastels et non la gouache comme d’habitude sur les cellulos afin de donner vie aux paysages enneigés. Ainsi, les images créées pour le film ont un aspect crayonné de toute beauté.

Réalisatrice débutante et plutôt cantonnée à la publicité, elle sera secondée par l’expérimenté Jimmy T. Murakami , dont le CV mérite amplement d’être analysé. Interné avec sa famille dans des camps de concentration aux USA en raison de ses origines nippones, il aura aussi bien officié dans les studios de l’autre côté de l’Atlantique, qu’au Japon avant de s’installer en Europe. Murakami a ainsi signé dans sa riche carrière, un film de science-fiction intitulé Les Mercenaires de l'espace en 1980 avec George Peppard . Une oeuvre plébiscitée par tous les fans de bis qui la considèrent comme l’une des meilleures copies jamais réalisées de La guerre des Étoiles. Dans le domaine de l’animation, il a reçu le Grand prix du long-métrage au Festival d'animation d'Annecy en 1987 pour Quand souffle le vent , une adaptation d’un ouvrage de Raymond Briggs, l’auteur de The Snowman . Mis en musique entre autres par Roger Waters ou Bowie, ce long-métrage dénonce l’horreur de la guerre nucléaire par le biais des aventures d’un couple de gens âgés convaincus que les recommandations du gouvernement leur permettront de survivre à l’apocalypse. Quand souffle le vent ne sortira seulement en France qu'en 2012 et s’avère encore difficile à trouver alors que c’est un long-métrage de référence à découvrir absolument. Enfin, l’homme est connu pour être l’un des producteurs de la série Tortues Ninja qui a trusté nos écrans à l’aube des années 90. Une carrière riche et variée qui méritait bien un petit focus !

La difficulté dans l’adaptation du Snowman de Briggs venait du fait que l’auteur avait décidé de se passer de texte dans son ouvrage. Quand le projet d’adaptation a été lancé, il fut tout de suite envisagé que la bande originale signée par Howard Blake allait accompagner le film tout du long. Le compositeur des Duellistes de Ridley Scott a pensé sa musique non comme une simple bande originale, mais comme une symphonie. En tant qu’amoureux du cinéma russe et de Sergei Eisenstein, Howard Blake a proposé à ses producteurs une composition dans l’esprit du cinéma muet, déclarant qu’il pouvait rendre toute émotion captivante grâce au soutien de la musique. Il est parti de la suite d’accords de Walking in the Air afin de composer une demi-heure de musique mémorable qui participe pleinement à l’enchantement que l’on peut ressentir à la vision de ce Bonhomme de neige .   

Le film a été diffusé tout d’abord sur Channel Four avec une introduction où l’on voyait l’illustrateur et romancier Raymond Briggs nous parler de son enfance. L e bonhomme de neige est cependant resté célèbre depuis, pour la présence de David Bowie à l’écran au début du film. Le créateur de Ziggy Stardust a en effet succédé à Briggs comme narrateur dans les copies destinées à l’international et lors des rediffusions de The Snowman : le bonhomme de neige sur Channel Four.

Au final, Dianne Jackson signe ici un film sur laquelle le temps ne semble avoir aucune emprise. Comme pour les meilleures réalisations signées Charlie Chaplin, The Snowman est une œuvre qui peut se targuer d’être universelle, car elle n’est jamais prisonnière de la barrière de la langue. Si l’intrigue est simple avec son protagoniste qui se lie d’amitié avec un bonhomme de neige qui prend vie grâce à la magie de Noël, le récit est cependant parfaitement articulé. Ainsi le garçon et la créature des neiges apprennent d’abord à se connaître puis jouent ensemble. Enfin, le bonhomme de neige embarque le jeune héros dans un voyage qui l’amènera au pôle Nord pour découvrir les secrets de Noël. Ces pérégrinations vers l’Arctique sont rythmées par la chanson Walk in the air. On peut alors parler de magie à l’état pur. Avec ces décors pastel magnifiques, son animation de toute beauté et sa musique absolument splendide, il est impossible de résister à ce concentré d’émotions qu’est The Snowman : le bonhomme de neige . Si vous avez un tant soit peu de cœur, les larmes finiront par couler devant cette ode à l’amitié au final bouleversant. Même si ce métrage ne dure qu’une demi-heure, rares sont les œuvres à aussi bien capter la magie de l’enfance, époque où tous les rêves sont encore possibles.

Afin de vous faire découvrir cette œuvre unique si jamais vous n’avez pas le plaisir de la connaître voici un petit cadeau de Noël ! Retrouvez ci-dessous en intégrale ce joyau de l’animation sur YouTube. N’ayez crainte même si c’est la version anglaise avec David Bowie. À l’exception de la courte introduction (moins d’une minute) par le plus dandy des performeurs anglais de la scène rock, vous pourrez tout de même regarder The Snowman : le bonhomme de neige avec vos enfants même s’ils ne connaissent pas la langue de Shakespeare, car ce film est avant tout musical !

Mad Will