Pour ce deuxième film de Noël chroniqué par votre Mad Will préféré, je vous propose de redécouvrir une œuvre qui a souvent été diffusée sur nos chaînes de télévision au cours des années 80, un dessin animé qui a sans doute joué dans l’amour que porte l’auteur de ses lignes pour Carl Barks et de Don Rosa, les deux plus fameux dessinateurs de BD à nous avoir conté les aventures de Balthazar Picsou*. Je vais donc vous parler aujourd’hui du Noël de Mickey , une adaptation du célèbre conte de Dickens intitulé Un chant de Noël où un vieil avare recevra la visite de 3 esprits censés lui permettre de prendre conscience de son prochain. Dans cette relecture par Disney de l’oeuvre du célèbre écrivain anglais, le milliardaire le plus connu de Donaldville interprète le rôle d’un homme sans coeur appelé Ebenezer Scrooge. Si je parle d’interprétation ici, c’est pour la bonne raison que chaque personnage du livre de Dickens se retrouve incarné par une star du monde Disney. On retrouve ici pêle-mêle et sans tous les citer : Donald, Dingo , Riri, Fifi et Loulou, le Crapaud Baron Têtard (vu dans Le Crapaud et le Maître d'école), Clarabelle, Horace, Gus…

* À noter qu’Oncle Picsou s’appelle en réalité Scrooge McDuck dans la langue de Shakespeare. Il faut savoir que le dessinateur de bande dessinée Carl Barks a choisi délibérément le patronyme du héros de Dickens afin de sous-entendre l’avarice du personnage quand il a créé le plus célèbre milliardaire de Donaldville en 1947.

Au cours des années 70, la firme aux grandes oreilles a sorti de nombreux disques vinyle où l’on retrouvait des personnages cultes de chez Disney censés incarner des héros de classiques de la littérature. Parmi ses 45 et 33 tours publiés par Disney, la reprise du conte de Dickens Un chant de noël a remporté un grand succès qui a conduit l’animateur Burny Mattinson a vouloir en réaliser une adaptation animée. À noter que le casting entre le disque et l’animé n’est pas forcément identique même si on retrouve Picsou sur les deux supports.

Le réalisateur du Noël de Mickey , Burny Mattinson, est un historique de chez Disney qui a commencé sa carrière au service courrier alors qu’il était à peine âgé de 18 ans. Son désir d’être animateur est lié à la vision de Pinocchio dans son enfance. Il aura ainsi travaillé sur un grand nombre de classiques de la maison comme La Belle et le Clochard, La Belle au bois dormant, Merlin l'enchanteur, Mary Poppins… Outre Le Noël de Mickey , il dirigera Basil . Enfin, il participera aux scénarios de La Belle et la Bête, Le Roi lion, Aladin, des œuvres essentielles du second âge d’or de Disney.

Avec Le Noël de Mickey , Burny Mattinson a le privilège de mettre en scène la souris la plus célèbre du cinéma qui n’était pas apparue sur les écrans depuis 1953. Pour autant, ne vous y trompez pas ! Le Noël de Mickey est un titre absolument trompeur ! En effet dans le film, Bob Cratchit qui possède les traits de Mickey, joue un rôle plutôt mineur, laissant toute la lumière à Picsou. Il faut être clair : la firme voulait avant tout profiter du retour à l’écran de sa mascotte la plus connue afin de mieux vendre le film.

Alors que vaut cette adaptation du classique de Dickens ? Soyons clairs, l’atout majeur de ce Disney est sa splendeur visuelle. L’animation de grande qualité de ce court métrage rappelle ici les plus grandes heures du studio. Il faut dire que le film compte en son sein une équipe de jeunes animateurs qui va être à l’origine du renouveau artistique du studio dans les années 90. On retrouve ainsi au générique Glen Keane, Mark Henn, Randy Cartwright ou bien encore John Lasseter futur patron de Pixar. La nouvelle vague de l'animation est ici accompagnée par des sommités comme Eric Larsen. Né en 1905, celui-ci faisait tout simplement partie des "Neuf Sages de Disney", un groupe constitué par Walt et réunissant la crème des animateurs de chez Disney. Ces 9 animateurs de renom ont signé pendant près de 40 ans les plus grands longs-métrages sortis par le studio. D'autres vétérans de chez Disney interviennent également sur cette production comme l’animateur Jack Boyd, le musicien Irwin Kostal qui a orchestré des longs-métrages comme West Side Story ou Mary Poppins , sans oublier l’acteur Clarence "Ducky" Nash dont c'est la dernière interprétation de Donald. Plus que Taram et le Chaudron magique ou Basil, détective privé , Le Noël de Mickey doit-être considéré un passage de relais entre les anciens du studio et les petits jeunes fraîchement arrivés et qui sont issus pour la plupart de l’école créée par Walt Disney : La CalArts (California Institute of the Arts).

De plus, il faut quand même reconnaitre que Burny Mattinson a réussi un autre pari qui était loin d‘être gagné. Avec Le Noël de Mickey , il parvient à préserver l’histoire de Dickens tout en la rendant accessible aux plus jeunes. Si celui-ci fait le choix de couper certains passages du roman au regard de la durée de son film qui ne dépasse pas la demi-heure, l’histoire n'est jamais édulcorée et conserve sa force. Il suffit de se souvenir de ce passage absolument poignant et unique dans l’histoire de Disney où l’on découvre un Mickey en pleurs après la mort de son fils. De même les secondes passées aux portes de l’enfer par Scrooge dans la dernière partie semblent avoir pas mal marqué les enfants qui ont découvert le film à l’époque. Surtout avec Le Noël de Mickey , on comprend la force d’évocation des personnages créés par la firme. En utilisant des protagonistes connus de tous comme Mickey ou Donald qui ont des personnalités parfaitement définies, Burny Mattinson peut aller à l’essentiel dans son adaptation. Il lui suffit alors de donner à chacun des rôles qui leur ressemblent dans le roman original, et vous obtenez sans avoir à fournir de longues explications une oeuvre dont la force émotionnelle n’a rien à envier à son modèle littéraire.

Le Noël de Mickey est tout simplement un joyau de l’animation qu’il est indispensable d’avoir vu. Un classique !

Mad Will