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Anna (Juana Acosta) n’a pas les pieds sur terre. Manquant de ressources internes, elle vit sa présence au monde dans une instabilité permanente. Pour ne surtout pas s’arrêter et avoir à affronter la réalité, elle fuit en dilapidant son argent et en s’inventant des projets grandioses jusqu’à ce que le réel la rattrape. Conscient de sa fragilité, et de peur de la voir s’effondrer comme à chaque fois, son entourage la conforte globalement dans ses illusions, dans la mesure où elles ne mettent pas en danger son fils de dix ans, Nathan (Kolia Abiteboul Dossetto).

Anna est le portrait poignant d’une femme à la fragilité psychologique extrême. Pour retranscrire le monde interne de cet être de fuite, le réalisateur nous entraîne dans son mouvement perpétuel, anxieux, qui semble la mener dans un mur. Cette atmosphère d’emblée nerveuse donne au film de Jacques Toulemonde des accents de tragédie. Le spectateur sent ainsi plus ou moins confusément dès les premières minutes que « ça » va mal finir, et il assiste ensuite à l’inexorable course du personnage contre le dénouement fatal. Refusant de psychiatriser son personnage, n’usant d’aucun flash-back qui nous donnerait des clés d’interprétation toutes faites, le réalisateur préfère nous faire vivre avec elle une folle échappée, aussi belle que désespérée.

F.L.