Joël Séria nous propose ici un O.F.N.I. (objet filmique non identifié) au parfum de scandale, qui sera longtemps interdit par la censure de droite dans notre pays. Pour son premier long-métrage, il met en scène deux adolescentes dans un pensionnat catholique, qui décident en réponse à la morale religieuse, de répandre le mal autour d’elles. Ne vous attendez pas à un remake de La malédiction avec ce film du réalisateur des Galettes de Pont-Aven. Mais ne nous délivrez pas du mal est avant tout un manifeste libertaire remettant en cause la religion, mère de tous les vices comme nous le rappellent les sordides affaires de moeurs qui émaillent l’histoire de l’église.

Nos héroïnes sont avant tout deux adolescentes un peu perdues dont les parents se sont littéralement débarrassés pour les mettre au pensionnat. Elles ne font jamais le mal autour d’elles de façon consciente et calculée, elles le font par réaction au monde qui les entoure. En opposition à l’innocence de ses héroïnes, Séria nous dresse un portrait sordide du monde des adultes composé de lâches et de pervers libidineux qui reluquent avec insistance le corps des deux gamines.

Nous avons à faire à un film choc qui attaque de façon violente et salutaire une France embourgeoisée votant RPR et amenée à mourir. Joël Séria verra son film banni par les médias et le CNC, pourtant c’est peut-être le plus beau cri d’amour jamais réalisé en direction de la jeunesse. Un chef-d’œuvre assurément !

Mad Will