Laila (Mouna Hawa, révélation), Salma (Sana Jammalieh, quasiment dans son propre rôle) et Nour (Shaden Kanboura, vue récemment dans Tempête de sable), trois jeunes femmes palestiniennes, partagent un appartement à Tel Aviv, loin du carcan de leurs villes d’origine, à l’abri des regards réprobateurs de leurs familles. Si leur condition de femme les a dotées d’une solide conscience de leur nécessité de s’affranchir du patriarcat, elles sont freinées sur cette voie par l’absence de remise en question de la majorité des hommes qui les entourent, qui n’ont pas réalisé leur propre émancipation, s’accrochant au contraire solidement aux bonnes vieilles traditions virilistes.

Alors qu’en France les années soixante-dix semblent parfois bien loin, et qu’il n’y a guère que la poignée de lectrices de Causette pour se rappeler que « le privé est politique », la jeunesse palestinienne actuelle jouit encore de l’effervescence des premières décennies de conquête des droits, qu’il s’agisse de l’égalité des sexes ou de l’accès à la culture. C’est leur énergie, ainsi que les illusions et les désillusions de leur combat, que capte très bien Maysaloun Hamoud qui choisit de filmer ses acteurs et surtout ses actrices au plus près, leur restituant la valeur qu’on leur dénie largement en Israël. La réalisatrice, elle-même DJ à ses heures perdues, se fait également la caisse de résonance des artistes de la scène underground palestinienne, en ponctuant de leurs morceaux les aventures parallèles des trois colocatrices, contribuant par là-même à faire de son film un hymne féministe des plus pétulants.

Florine Lebris

L'interview de la réalisatrice Maysaloun Hamoud par Florine Le Bris : https://soundcloud.com/user-435111834/interview-maysalam-hamoud-en-anglais-pour-je-danserai-si-je-veux-1