Le film en VOD : https://www.canalplus.com/cinema/wedding-nightmare/h/12263502_40099

Je vais être franc !  Quand je suis allé voir Wedding Nightmare, je ne m’attendais pas à grand-chose. Par le biais de sa bande-annonce que j’avais entrevue, le film semblait être un énième ersatz du classique du cinéma fantastique Les Chasses du comte Zaroff de 1932. Ce célèbre film de chasse à l’homme a été réalisé par Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel. La légende veut que les deux réalisateurs tournaient King Kong durant la journée et réalisaient leur chasse sanglante sur les mêmes plateaux durant la nuit.

Alors que commence le film, dépité par le long-métrage Escape Game et par bien d'autres navettons du cinéma d’horreur actuel, j’observe de loin le mariage de l’héroïne. Mais petit à petit, je commence à sourire à cette mise en boîte plutôt maline de la comédie sentimentale américaine qui doit toujours finir par un joli mariage avec un garçon si possible riche. Au côté de la nièce de Hugo Weaving en jeune mariée (l’agent Smith de Matrix… ) que nous avons découvert dans Three Billboards et La Baby-Sitter de McG, le cinéphile reconnaîtra évidemment Andie MacDowell dans le casting, l’égérie de la comédie romantique 4 mariages et un enterrement. Elle joue ici pour notre plus grand bonheur une matriarche qui sera prête à tout pour sauver son statut social et conserver sa famille près d’elle.

Au bout seulement de 10 minutes, notre héroïne est alors invitée à participer à un drôle de jeu, une sorte de cache-cache mortel qui doit se conclure par le sacrifice de la jeune mariée durant une cérémonie à relents sataniques. Pendant une heure et vingt minutes, j'ai été happé par cette série B qui m’a rappelé les plus grandes heures du cinéma d’horreur des années 80. Un film jubilatoire et divertissant, qui a le mérite d’aller à l’essentiel sans recourir à une exposition trop longue ou une psychologie de bazar. Mais surtout, en plus d’être un divertissement efficace, le long-métrage se permet d'être une peinture au vitriol des grands bourgeois qui composent la classe dirigeante. Peuplée de nantis vivants en vase clos, les riches ne semblent avoir qu’une obsession : préserver leur patrimoine à tout prix. La belle famille de notre héroïne, qui se met à la traquer, est composée de ratés de la pire espèce. Les réalisateurs ne nous offrent pas ici l’habituelle galerie de psychopathes surentraînés usant de la torture à la Hostel. Dans Wedding Nightmare, nous sommes plutôt dans un épisode d’Halloween des Simpson où les méchants sont grotesques et pathétiques. À ce titre, le film regorge de gags visuels assez tordants comme lorsque la petite fille chérie de la famille de tueurs ne cesse d'assassiner accidentellement des membres de la famille et se met à chialer comme une gamine capricieuse. Enfin, en ces temps où la réalisation des films d’horreur se limite à des « jump scare » (saut à l’image pour créer la peur), Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett s’avèrent plus doués que la moyenne question mise en scène. Ils filment aussi bien les scènes d’horreur avec la mariée qui tombe dans la fosse familiale que les séquences d’action à La piège de cristal où notre jolie héroïne fuit sa belle-famille surarmée dans les couloirs de la maison. Le film est porté par un découpage remarquable qui use habilement du hors champ synonyme de danger pour notre protagoniste principale.

Le film dans sa folie douce et son aspect grotesque rappelle en moins virulant le cinéma d’Álex de la Iglesia. On prend ainsi beaucoup de plaisir en tant que spectateur à ce mariage des genres qui empreinte tout à la fois au fantastique à tendance diabolique à la Rosemary Baby, à la comédie sentimentale, et au cinéma d’animation avec des séquences à la Tom et Jerry où notre mariée fuit les membres survoltés de sa belle famille. Un film rempli de surprises, aux retournements scénaristiques plutôt imprévisibles. Un excellent moment passé devant du cinéma qui sait nous amuser et offrir un discours social sans intellectualiser à outrance. Découvrir un bon film d’horreur comme Wedding Nightmare en salles ou en VOD est devenu rare, ne ratez pas l’occasion !

Mad Will