Mes jours de gloire , est le premier film d'Antoine de Bary, qui, avec son complice Vincent Lacoste, nous présente un conte cruel mais drôle sur un adulescent en pleine dépression qui n'arrive pas à trouver sa place.

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La critique :

À bientôt trente ans, Adrien (Vincent Lacoste) est un déjà un comédien sur le retour, vivotant encore sur les derniers deniers restants de sa carrière d’enfant star. Il décide alors de réintégrer l’appartement parental, chez sa maman psychanalyste (Emmanuel Devos) et son papa dépressif (un come-back inattendu de Christophe Lambert). Mais le cocon parental s’avère bien moins salvateur qu’il ne le pensait, et la promesse d’un nouveau départ se transforme vite en régression.

Réalisé par Antoine de Bary, un vieil ami de Vincent Lacoste, Mes jours de gloire pourrait être le biopic de son comédien principal s’il n’avait pas rencontré le succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Le film l’imagine en effet dans sa période post Les Beaux Gosses (le film de Riad Sattouf qui l’a révélé en 2009), en ado mal dégrossi qui peine à se détacher de son image de puceau boutonneux. Dans ce personnage, Vincent Lacoste fait du Vincent Lacoste et s’en donne à cœur joie, multipliant les mauvaises blagues et les tentatives de drague minables. Pour un premier long métrage, on peut dans un premier temps penser qu’Antoine de Bary a choisi la facilité, exploitant à fond la facette tragi-comique de son bon copain que l’on a déjà vu cent fois. Mais son récit s’affine lorsqu’il s’intéresse davantage à son personnage comme vecteur d’une souffrance universelle et bien de notre temps, la dépression post-adolescente, lorsqu’on se sent ni tout à fait adulte ni tout à fait enfant, et que se présente l’urgence de se trouver une « place », autrement dit un travail et un partenaire pour la vie. Le film explore la chose du côté masculin, en réunissant toutes les difficultés à « devenir un homme » dans le trouble de l'érection que rencontre Adrien. Ce point de vue, finalement pas si trivial, parvient à trouver sa légitimité ailleurs que dans le comique. C’est d’ailleurs dans cette voie que l’on se surprend à aimer le plus Vincent Lacoste, lorsqu’il calme son flegme et exploite son sérieux, comme il l’avait amorcé dans Amanda de Mickaël Hers.

Même s’il n’échappe pas à certaines maladresses, ce premier film ne manque pas de charme et fait même preuve d’une certaine audace dans sa dernière partie, bien plus noire que la première. Mention spéciale pour les seconds rôles qui dérogent à la mauvaise habitude qu'ont beaucoup de cinéastes d’en faire des figurants : ici les géniteurs déchirés tenus par le duo Lambert/Devos sont tout à fait pertinents, et questionnent le rôle parental dans la dérive d’un enfant. De la même manière, Damien Chapelle, qui campe le rival d’Adrien, est plus grand, plus beau, plus assuré, mais si sympathique qu’il en creuse d’autant plus la tombe de son adversaire. Toute cette ribambelle de personnages, incluant également celui de la jeune Noée Abita, aide le film à tenir la barre et à s’aventurer vers le genre résolument moderne du conte cruel.

Suzanne Dureau

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La bande-annonce :