Fin d'après-midi à Paris, Amanda, 7 ans, est oubliée à la sortie de l'école. Son oncle David finit par faire son apparition, bredouillant une excuse et deux trois plaisanteries avec le charme nonchalant habituel propre à son interprète (Vincent Lacoste) pour obtenir le pardon de sa nièce. Sympathique et débrouillard, David alterne les petits boulots et les services de baby-sitting rendus à sa sœur chérie Sandrine. Leur équilibre se voit bouleversé lorsqu’un attentat, drame tristement contemporain, emporte la jeune mère célibataire. Faute de parents, c’est à David que revient provisoirement la garde d’Amanda. Mais le garçon n’a que 24 ans, court encore après les filles (dont une en particulier : Léna) et peine à s’occuper de sa personne, sans compter qu’il est lui-même dévasté par le décès de sa sœur...

Amanda est une plongée dans l’intime d’une famille en reconstruction après une tragédie collective, dont les images passent en boucle à la télévision, mais dont on ne connaît pas les détails des protagonistes. Inspiré du 13 novembre, mais avec la décence d’en faire un événement différent, le film raconte le retour à la vie des survivants et d’une ville toute entière, Paris. La capitale se remplie de militaires et de contrôles sécuritaires mais se force à maintenir son attrait touristique, comme David et sa nièce qui sauvent les meubles en ré-adaptant leur quotidien (David s’installe chez sa tante). Mais contrairement aux pierres d’une ville, les âmes blessées parfois s’effondrent, et Mickael Hers ne rend pas tabous les crises de larmes de ses personnages, sans jamais tomber l’hystérie.

Ce premier rôle de registre dramatique pour Vincent Lacoste est une révélation. S’il est difficile au début de le voir autrement qu’en loser rigolo, son rôle s’étoffe tout au long du film avant d’atteindre avec une grande justesse l’émotion et la sensibilité du personnage de David. Avec Isaure Multrier surprenante elle aussi de spontanéité, leurs dialogues sont un échange de balle permanent qui se termine sur un match de tennis à Wimbledon.

Il y a des films que l’on aime mais que l’on ne conseillerait pas à un ami solitaire pour un dimanche soir. Amanda aurait pu en faire partie, mais sa beauté mélancolique (encouragée par la douceur de son image grainée) aide à surmonter la tristesse de ce qu’il raconte, et le scénario, complexe et habile, tend à transformer le drame familial en une chronique contemporaine finalement pleine d’espoir.

S.D.