Profitant du coup de projecteur que Cannes a apporté au dernier film de Jim Jarmusch, The dead don’t die, Le distributeur Les Acacias propose de (re)voir en salles les 6 premières réalisations du cinéaste.

Jim Jarmusch a réalisé 13 films en 39 ans de 1980 à 2019 soit à peu près un film tous les 3 ans. Ses six premiers s’étalent donc sur 15 années de 1980 à 1995.

Permanent Vacation , (1980) son film de fin d'études, Stranger than paradise (1984) qui lança durablement sa carrière, Down by law (1986) notre préféré, et un de ses meilleurs films, Mystery train (1989), en couleurs, Night of earth (1991), un film à sketches, et Dead man (1995) un des ses plus connu, le western revisité par Jarmusch.

(Re)visionner ces films permet d’abord de passer quelques heures fort agréables, puis de se rendre compte de l’homogénéité de la filmographie d’un cinéaste qui a su malgré sa fidélité à un style et à ses thèmes se renouveler sans cesse. On constate enfin que mis à part son dernier, qui de notre point de vue est à oublier (une erreur de vieillesse ?), le désarroi et la nostalgie que l’on sent poindre dans plusieurs de ses films ne masque pas un certain optimisme, ou du moins une possibilité de l’espoir dans un monde meilleur.

Ces films sont en salles au mois de juillet, toutes les séances sur Chacun Cherche Son Film

Aujourd'hui le premier film de Jim Jarmusch, son film de fin d'études : Permanent Vacation

Permanent vacation est le premier long métrage réalisé par Jim Jarmusch. Il s’agit d’un film de fin d’études qui développe déjà les thèmes qui deviendront récurrents dans sa filmographie. Pour la petite histoire sa compagne Sara Driver (réalisatrice de Basquiat, un adolescent à New-York) est à la production et joue le petit rôle de la nurse.

Le personnage principal, Aloysius Parker, construit sous le double signe de la poésie et de la musique (Aloysius comme Aloysius Bertrand, qui a inspiré à Baudelaire la forme de ses petits poèmes en prose, et Parker, le musicien de jazz Charlie Parker), que l’on surnomme Allie, vit d’expédients. Il est en constante agitation, ne dort pas, rencontre d’autres personnes, marginales, originales, folles. On le découvre lisant, sans la finir, la poésie de Lautréamont, s’arrêtant au seuil d’une salle de cinéma, écoutant le début d’un morceau de musique, bref, il ne tient pas en place. Pourtant le rythme du film est assez lent. Grâce à des plans s’étirant volontiers, Jarmusch privilégie dans ce film le mouvement à la coupe. Mouvement permanent dans la forme comme pour Allie, qui, ne pouvant rester en place, décide d’aller à Paris. Au moment de quitter New York, il croise sur le pont d’embarquement un parisien qui rêve de La Grande Pomme. La ville de l’autre sera donc pour chacun la possibilité d’une nouvelle vie.

Si les réalisations suivantes de Jarmusch sont de vrais chefs-d’œuvre, Permanent Vacation offre au spectateur ce qui sera la colonne vertébrale des réalisations à venir : des mondes décalés, peuplés de personnages qui se cherchent, le tout porté par une musique originale très travaillée (Jarmush signe d’ailleurs lui-même la BO de Permanent vacation) et un style arty minimaliste, singulier, mélancolique et contemplatif.

Un film à ne pas manquer en salles pour tous ceux qui veulent découvrir ou en savoir plus sur le monde de Jim Jarmusch.

L.S.