Permanent vacation est le premier long métrage réalisé par Jim Jarmusch. Il s’agit d’un film de fin d’études qui développe déjà les thèmes qui deviendront récurrents dans sa filmographie. Pour la petite histoire sa compagne Sara Driver (réalisatrice de Basquiat, un adolescent à New-York) est à la production et joue le petit rôle de la nurse.

Le personnage principal, Aloysius Parker, construit sous le double signe de la poésie et de la musique (Aloysius comme Aloysius Bertrand, qui a inspiré à Baudelaire la forme de ses petits poèmes en prose, et Parker, le musicien de jazz Charlie Parker), que l’on surnomme Allie, vit d’expédients. Il est en constante agitation, ne dort pas, rencontre d’autres personnes, marginales, originales, folles. On le découvre lisant, sans la finir, la poésie de Lautréamont, s’arrêtant au seuil d’une salle de cinéma, écoutant le début d’un morceau de musique, bref, il ne tient pas en place. Pourtant le rythme du film est assez lent. Grâce à des plans s’étirant volontiers, Jarmusch privilégie dans ce film le mouvement à la coupe. Mouvement permanent dans la forme comme pour Allie, qui, ne pouvant rester en place, décide d’aller à Paris. Au moment de quitter New York, il croise sur le pont d’embarquement un parisien qui rêve de La Grande Pomme. La ville de l’autre sera donc pour chacun la possibilité d’une nouvelle vie.

Si les réalisations suivantes de Jarmusch sont de vrais chefs-d’œuvre, Permanent Vacation offre au spectateur ce qui sera la colonne vertébrale des réalisations à venir : des mondes décalés, peuplés de personnages qui se cherchent, le tout porté par une musique originale très travaillée (Jarmush signe d’ailleurs lui-même la BO de Permanent vacation) et un style arty minimaliste, singulier, mélancolique et contemplatif.

Un film à ne pas manquer en salles pour tous ceux qui veulent découvrir ou en savoir plus sur le monde de Jim Jarmusch.

L.S.