Fils et élève idéal, Buster Keaton excelle dans les matières scientifiques et littéraires mais méprise l’exercice physique, qui lui paraît grossièrement prosaïque. Par amour pour une coquette que les exploits sportifs impressionnent, il va mettre beaucoup de bonne volonté à tenter de devenir un athlète. Sa gaucherie n’en disparaît pas pour autant miraculeusement…

   Le scénario de Sportif par amour est l’occasion pour Buster Keaton, enfant de la balle, de montrer l’étendue de son habileté corporelle. En effet, tomber ou feindre la maladresse nécessite paradoxalement d’avoir une maîtrise parfaite de son corps. Le film est également l’occasion d’apprécier la subtilité de l’humour développé par Keaton, qui résiste à la facilité de la farce. Contrairement à Charlie Chaplin, il ne se gausse jamais lui-même de ses clowneries pour attiser un rire de contagion. Le comique naît donc moins d’une connivence joyeuse, que d’une affection tendre face à son personnage toujours décalé malgré lui.

   Film à chutes mais aussi à chute, Sportif par amour est remarquablement bien construit. Les différentes séquences comiques que le film égrène sont ainsi reprises et condensées dans la scène finale, véritable jeu de dominos au service d’une jolie image poétique : l’amour donne des ailes.

F.L.