Je ne qualifierai pas Just Jaeckin de grand cinéaste même je suis émerveillé par le fait que l’homme ait réussi à faire fantasmer plus de 9 millions de Français grâce à Emmanuelle. Cet ancien photographe de mode aura surtout capitalisé sur les 100 millions de dollars récoltés à l’international par son long-métrage avec Sylvia Kristel. En effet, ses films suivants Histoire d'O et L'Amant de Lady Chatterley sont très loin de valoir leur modèle papier. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’avoir une affection pour son Gwendoline, une oeuvre bis décomplexée mettant en scène un Indiana Jones de pacotille. Comme au temps glorieux du cinéma d’exploitation italien, on aura le droit à une attaque de crocodile, à des cannibales et à des pirates féroces, sans oublier une bande d’Amazones au look SM.

Pour une fois dans sa filmographie, Jaeckin ne s'enferme pas dans l'érotisme à la papa des des années 70, afin de nous livrer une comédie d’aventures loufoque qui pourrait être appréciée par toute la famille, s’il n’y avait pas autant de jeunes femmes déshabillées et de gore. Au final, c’est pourquoi on aime Gwendoline. C’est en effet un film unique dans le cinéma français. On se demande encore comment on a pu filer un budget aussi important et dix-huit semaines de tournage pour créer cette œuvre dont on ne sait pas quel est le public visé. En voulant mélanger les genres à la mode à son goût pour le cinéma dénudé, Jaeckin a produit un hybride impossible entre le cinéma bis italien, les dessins animés d'Hanna-Barbera pour la naïveté apparente de son intrigue, et les films érotiques de M6 pour ses actrices topless. On s'interroge également sur la présence d'actrices reconnues comme Zabou Breitman (qui renie le film) ou Bernadette Lafont. Mais au fond on s’en fout ! On s’emmerde moins que devant certains films d‘auteur et c’est quand même plus excitant qu’un Dany Boon racontant des blagues chtis. Un long métrage que l’amateur d’étrangetés cinématographiques se doit d’avoir vu !

Mad Will