Le Trou noir est un étonnant film schizophrénique. Conçu par un Disney qui espérait damner le pion à La guerre des étoiles, ce long-métrage essaye de concilier l’univers familial et policé des vieux Disney (La coccinelle…) et le cinéma de Spielberg et Lucas. Côté Disney classique, on retrouve des emprunts à Jules Verne avec un scénario qui est une relecture du mètre-étalon du divertissement familial de la compagnie : Vingt mille lieues sous les mers.  Le grand méchant du film, Dr Hans Reinhardt, est donc une variation du capitaine Némo. Malheureusement, on retrouve aussi les personnages à peine esquissées des productions d’antan. Aucun des héros n’est développé, ils ne sont que des stéréotypes que ce soit le capitaine imperturbable et monolithique, le professeur obsédé par la science ou le bellâtre castagneur... Les effets spéciaux du film qui alternent le sublime et le franchement raté témoignent aussi des difficultés de la firme pour trouver le bon ton. Le vaisseau spatial de Reinhardt en mode art déco, ou la pluie de météorites finale sont d’une grande beauté et n’ont rien à envier à Lucas. Mais nous avons également des choix de design plus discutables (et je manie l'euphémisme) que ce soit les costumes ringards ou le robot Vincent qui est selon moi une poubelle volée dans le local du gardien des studios et hâtivement repeinte en rouge par l'équipe déco entre deux joints.
Ce long-métrage offre néanmoins des séquences réussies comme l’enterrement dans l’espace ou le final à l'intérieur du trou noir. À noter aussi la magnifique partition de John Barry qui nous offre l'une des plus belles bandes originales du début des années 80.

Même si ce film est le plus faible de cette sélection, il reste à découvrir comme un cas unique d'hybridation entre le film familial et une science-fiction plus exigeante et métaphysique.

Mad Will