Morgan Neville nous présente The Silk Road Ensemble, un groupe de musiciens issus des traditions culturelles les plus diverses, et plus particulièrement cinq d’entre eux : un violoncelliste américain, une spécialiste de pipa chinoise, un clarinettiste syrien, une sonneuse de cornemuse galicienne et un joueur de kamancheh iranien. Tous ont un point commun : ils ont quitté leur pays pour s’intégrer à une autre culture sans oublier leurs racines et ont à cœur d’y revenir pour les maintenir vivaces.

Face au rouleau uniformisateur de la mondialisation de la culture américaine, The Silk Road Ensemble relève la gageure d’intégrer sans assimiler de nombreuses traditions nationales. C’est qu’il réunit des musiciens qui s’accordent sur une conception de la culture comme ce qui doit rester en mouvement, le contraire de la conservation des formes passées. Cet ensemble fait ainsi son miel de la tension entre la musique comme langage universel qui peut lier les hommes par-delà les frontières géographiques et linguistiques mais aussi comme moyen d’expression d’une singularité culturelle liée à un territoire. Grâce à un montage fluide dans lequel le portrait des musiciens s’entremêle aux images cosmopolites des richesses patrimoniales de leur pays d’origine, Morgan Neville réussit une parfaite adéquation du fond et de la forme pour rendre compte d’une alliance réussie entre tradition et modernité.

F.L.