Kogo, cinéaste japonais de passage à Paris pour donner une conférence sur l’échec en littérature et au cinéma, déambule dans les rues de Pantin où il se laisse surprendre par les rencontres que lui offre le hasard. Maître de l’inachèvement de sa propre histoire, il se plaît à suivre des jeunes femmes dans la rue le temps de deviner un peu la leur. Du nom des rues aux raisons qu’il invente pour justifier sa présence parisienne, tout est prétexte à emmener la conversation loin des sentiers battus. Les déambulations de Kogo sont aussi des façons de procrastiner afin de se complaire, si ce n’est dans l’art de l’échec, du moins dans celui de la suspension. De cette façon, il exclut de sa vie toute vérité figée, lui préférant l’ouverture du possible. Suivant la sagesse du proverbe japonais « Atteindre le but, c’est manquer tout le reste », il multiplie les rencontres féminines, savourant le charme des débuts sans jamais se presser à conclure. Pour mettre en forme cette histoire, Nicolas Leclere choisit lui aussi de ne pas choisir. Les rues de Pantin mélange ainsi allègrement les genres, le film policier y flirtant avec la comédie sentimentale, le western avec l’essai surréaliste. Le film brille enfin par son scénario riche en détails et personnages farfelus, et par le charme de ses interprètes, personnalités épaisses de leur singularité et de leur verve.

F.L.