All That Jazz est une oeuvre testamentaire, celle du talentueux chorégraphe Bob Fosse dont le génie créatif sublima nombre de spectacles à Broadway. Quand le bonhomme passe des planches à la réalisation, il obtient tout de même 8 Oscars pour Cabaret, réussissant avec une aisance déconcertante tous les projets qu’il entreprend. Son troisième film Que le spectacle commence connu sous le titre All That Jazz,  obtiendra la Palme d’Or à Cannes, et reste mon oeuvre préférée d’un homme qui n’a eu dans sa vie qu’une seule obsession : son art. Ce film est à la fois une oeuvre testamentaire et prémonitoire avec une conclusion assez proche des derniers instants de Bob Fosse dont le corps aura fini par lâcher en raison d’une surcharge de travail et d'une consommation trop importante de narcotiques. Pour jouer son alter ego dans le film, il choisit un Roy Schneider à contre-emploi. Star de films d’action, il fait preuve ici d’une grande fragilité et semble totalement investi.

Film sublime sur la création portée par une énergie qui pourrait faire claquer des doigts le plus réfractaire spectateur à la comédie musicale, Bob Fosse signe une oeuvre qui parle de lui sans jamais tomber dans l’égocentrisme. Le réalisateur a écrit son script à partir d’une enquête où il demandait à ses collaborateurs, ses danseurs et ses proches de lui dire ce qu’ils pensaient sincèrement de lui en bien et en mal. Ce portrait d’un artiste passionné montre le poids du business dans le music-hall et les efforts incommensurables demandés aux danseurs dans un milieu hautement concurrentiel comme le rappel le titre There’s no business like show-business dans le film.

Bob Foss maîtrise parfaitement les échelles de plans et le montage, nous donnant à voir des images qui sont une exaltation érotique des corps qui reste une merveille à regarder. Outrancier, généreux et d’une tendresse infinie, Bob Fosse signe un chef-d’oeuvre tout simplement !

Mad Will