Un riche dirigeant d’entreprise (Sean Connery) reconnaît une voleuse en série (Tippi Hedren) dans la personne qui vient solliciter une embauche comme secrétaire comptable. Il se met en tête de l’étudier. Il l’embauche et cherche à la séduire de gré ou de force. Loin de vouloir la confondre pour la livrer à la police, ce friand lecteur de Freud voit dans la criminelle la petite fille traumatisée que la cure psychanalytique pourra soigner.

A l’instar de son personnage s’intéressant par curiosité scientifique à la psychologie des criminelles, Hitchcock signe avec Pas de printemps pour Marnie le pendant féminin de Vertigo, décortiquant un cas psychiatrique dont il ne nous révèle les tenants et les aboutissants qu’à la fin. A mesure que l’on suit les péripéties de la mystérieuse jolie blonde éternelle célibataire, le maître du suspense distille des indices. Ceux-ci se révèlent être des pièces de puzzle qui une fois rassemblées permettront au psychanalyste en herbe de recomposer le traumatisme sur lequel sa personnalité s’est construite. C’est ainsi vers un psychodrame brillamment orchestré que converge le film qui est aussi une très romanesque histoire d’amour. Car c’est bien parce qu’il a su voir l’enfant blessée au-delà des apparences de la femme frigide que le héros cherche à délivrer plutôt qu’à livrer la délinquante qu’il a démasquée. Dans les symptômes de Marnie, on retrouve d’ailleurs le thème cher à Hitchcock du faux coupable. Si la jeune femme s’enfuit toujours plutôt que de se laisser aimer, c’est qu’elle est convaincue d’être coupable et malsaine, sans savoir pourquoi. Le découvrir est ce qui réussit à nous tenir en haleine tout au long de Pas de printemps pour Marnie, avec lequel Hitchcock signe une variation aussi malicieuse qu’émouvante.

Florine Lebris