Ils vivent dans la forêt, dans des grottes improvisées, en bande mâle, pas comme des loups, comme des clochards célestes : marginaux par nécessité, troubadours par vertu. En suivant Roman et Sifredi dans leurs nombreux lieux de vie successifs, Vincent Pouplard nous fait découvrir le mode de vie pacifique et nomade de jeunes rebelles n’ayant aucune envie de s’insérer dans un système qui leur semble intrinsèquement nauséabond. Mais il nous fait aussi découvrir un phrasé singulier. Slameurs à leurs heures perdues, les deux frères le restent au quotidien, s’exprimant toujours avec un amour patent de la rime et de la scansion. Que ce soit à l’occasion d’un duel de tchatche avec un ami ou d’une discussion métaphysique entre eux, leur goût pour les mots est palpable, et contagieux. Se positionnant volontairement en porte-à-faux du regard normatif habituellement posé sur les jeunes socialement désaffiliés, Vincent Pouplard filme ses protagonistes sous leur meilleur jour, tournant le dos à Hobbes pour se faire le chantre généreux d’une anthropologie beaucoup plus bienveillante.

F.L.

L'interview de Vincent Pouplard : À découvrir ici.