Un inquiétant nuage annonciateur de cataclysme se déploie au-dessus de la Suisse. Les habitants commencent à faire des provisions et à tenter de fuir à l’étranger. L’Union Européenne prend des mesures pour limiter ce flux migratoire. Film de science-fiction soigné, aux nombreuses visions apocalyptiques d’une sombre beauté, Wonderland est la punition imaginaire que dix jeunes réalisateurs suisses imposent à leur nation, dont ils dénoncent l’hypocrisie. La chape de plomb qui recouvre le pays est ainsi interprétée par Jean Ziegler altermondialiste et homme politique suisse (dans son propre rôle) comme une juste conséquence du refoulement. L’ancien reporteur aux Nations Unies rappelle ainsi qu’en dépit de la haute moralité dans laquelle se drapent les Helvètes, sur leurs lingots ne ruisselle pas moins le sang des veines ouvertes du Tiers-monde. Très noir, aux antipodes du film de divertissement, Wonderland saisit par la puissance visuelle de l’univers halluciné qu’il met en scène.  

F.L.