Pour briser le cercle vicieux de la vengeance, le chef d’une tribu de Tanna, petite île de Vanuatu, entame une procédure de pacification avec la tribu voisine. Cela passe par la reprise des échanges d’épouses, ce que la jeune génération, avec ses velléités de mariages d’amour, n’est pas prête à accepter…

   Tanna vaut le détour pour son curieux alliage d’exotisme et d’universalité. On se croirait d’abord plongé dans un documentaire de Jean Rouch, immergé au milieu d’hommes nus munis d’étuis péniens et ornés de couronnes végétales. On est dépaysé par le décor sauvage de la forêt tropicale et des plages du Pacifique, et par la bande originale pleine de complaintes traditionnelles. Sur ce canevas insolite, les deux réalisateurs tissent néanmoins une dramaturgie des plus classiques, exploitant successivement les codes du thriller et de la tragédie romantique. Les habitants de Tanna rejouent pour nous l’histoire si familière de l’échappée rebelle de deux amants maudits par les étoiles. Bien qu’ils ne connussent rien au cinéma avant que Bentley Dean et Martin Butler ne viennent à leur rencontre, ils se révèlent des acteurs très professionnels, insufflant à leurs personnages une belle densité qui fait tout le charme du film.

F.L.