À Marseille, une jeune fille rangée (Lola Créton) rejoint un groupe d’adolescents qui sautent dans la Méditerranée depuis des corniches, de plus en plus hautes. Ils ont alors la roche, le ciel et la mer comme horizons. Dans la ville règnent la violence et le crime organisé. Dans la mer, ils peuvent rêver à autre chose, se dépasser par la conquête de leur propre peur. La nature, belle et libératrice, s’oppose au monde des hommes, laid et aliénant.

Dominique Cabrera filme amoureusement cette terre dont les éléments maintiennent les sens en éveil. Une terre qui stimule le désir de goûter les merveilles que la nature offre gratuitement. Goûter au vertige des grands plongeons, mais aussi goûter au sel des lèvres inconnues. Goûter. Pas choisir. Pas encore s’enfermer. Ainsi l’une des belles réussites de Corniche Kennedy est le couple à trois que le film met en scène, loin de tout discours politique, juste comme une évidence, comme un possible dont l’adolescence se saisit sans se poser de questions. Tout est sensibilité, aspiration au dépassement de soi-même, lâcher-prise, vertige surmonté.

Dominique Cabrera filme les bulles d’espace-temps en dehors de la société que les adolescents se construisent afin de ne pas étouffer du réel. Celui-ci apparaît en toile de fond à travers le développement d’une intrigue policière concernant le trafic de drogue qui vient rappeler que les sauts ne sont qu’une permission temporaire que s’accorde la jeunesse avant de devoir affronter le milieu autrement plus inhospitalier de notre société.

Florine Lebris