Ma révolution est l’histoire du printemps tunisien vécu depuis Barbès par Marwann, adolescent français d’origine tunisienne, qui comprend rapidement l’accroissement de charisme érotique qu’il peut escompter d’un engagement politique. Les différents membres de sa famille sont porteurs de points de vue différents sur la révolution de jasmin. Le grand-père se pourlèche les babines à l’idée de la libération des femmes, la mère veut retourner sur la terre qui l’a vue naître pour vivre de l’intérieur ce moment historique, le père ne se sent pas concerné, et lui-même s’implique dans les manifestations de soutien dans le but premier de plaire à la jolie Sygrid. Loin de toute entreprise de mythification, Ramzi Ben Sliman privilégie la pluralité des points de vue et le réalisme. Le réalisateur filme les manières et le langage encore grossiers des adolescents sans tomber dans la caricature ou la vulgarité gratuite. Il a la chance de pouvoir compter sur deux têtes d’affiche charismatiques : Anamaria Vartolomei, qui avec ses beaux yeux bleus et ses fossettes excelle dans les mines friponnes, et surtout Samuel Vincent, dont l’ingénuité est très touchante. Résolu à faire un film qui procure de la joie, Ramzi Ben Sliman le parsème de séquences où les personnages se laissent tout d’un coup habiter par les vibrations d’un jazz pétillant. Son humour tendre est également présent à travers son utilisation fine du comique de caractère et ses nombreux clins d’œil cinéphiles. Pour lui, et il l’illustre talentueusement, la révolution est d’abord un grand moment romantique.

F.L.