Deux événements bouleversent simultanément la routine d’une famille bédouine : le père épouse une deuxième femme, tandis que la fille aînée crée le scandale en fréquentant un homme extérieur à sa tribu.

Tempête de sable est né de la rencontre de la réalisatrice, il y a quelques années, avec les femmes bédouines du désert de Néguev, de l’envie qui s’ensuivit de témoigner de leur histoire, et du désir poignant de certaines d’entre elles d’être les dernières à subir des mariages arrangés. A l’issue de plusieurs années d’affinage du scénario, Elite Zexer signe un film sobre, épuré, porté par des acteurs qui, loin de se complaire dans les explosions hystériques, se confrontent dans des dialogues percutants. Haitham Omari, qui joue le père, réussit à restituer l’essence du paternalisme, cet autoritarisme d’autant plus spécieux qu’il se dissimule derrière les apparences les plus douces. Se saisissant dès qu’il le peut de l’alibi de la tradition, son personnage ose même lâchement se faire passer pour l’humble intercesseur d’une instance supérieure. Ruba Blal-Asfour et Lamis Ammar, qui incarnent respectivement la mère et la fille, bénéficient de partitions tout aussi complexes et retransmettent très justement la « tempête de sable » sous des crânes que crée l’affrontement des forces de l’émancipation et de la conservation, à la fois entre les mères et les filles et à l’intérieur de chacune d’elles.

F.L.