Après La bataille de Solférino, Justine Triet réitère le portrait de femme monoparentale courant toujours contre la montre à force de devoir jongler entre le travail, les enfants, les ex envahissants voire, en option, une vie sentimentale. Sur la forme comme sur le fond, son second film est donc un reflet fidèle de notre époque marquée, selon Hartmut Rosa, par « l’accélération ». À force d’évoluer dans un univers aux prescriptions aussi nombreuses que contradictoires, le sujet hypermoderne est dans le clivage perpétuel. Ainsi de Victoria (Virginie Efira) à qui son collègue conseille de mettre davantage de filtres pour se protéger de ses clients, mais à qui son analyste intime d’en mettre moins pour connaître la jouissance avec ses amants. Trouver le calme intérieur devient alors un enjeu crucial pour devenir capable de tenir l’autre à la bonne distance, celle qui permet de le voir. À cet effet, Victoria consulte les thérapeutes les plus divers, dont le plus efficace se révèle être son baby-sitter, d’une patience émouvante (Vincent Lacoste). Justine Trietnn’évite donc pas, avant les dernières minutes de Victoria, l’effet patchwork azimuté, un tantinet fatigant, de son premier film. Elle peut néanmoins compter cette fois-ci sur un duo d’acteurs particulièrement charismatique, avec une mention spéciale pour Vincent Lacoste, qui est légitimement celui par qui la libération arrive tant sa présence est centrée, apaisante.

Florine Lebris