Court (en instance) suit le procès de Narayan Kamble, chanteur et écrivain radical poursuivi par les autorités sous les prétextes les plus farfelus. A la moindre imprécision du dossier, l’affaire est ajournée, maintenant l’artiste en détention préventive pendant des mois malgré son âge avancé et ses problèmes de santé. Nous assistons aux méandres kafkaïens d’une comédie judiciaire dans laquelle les acteurs, prenant leur rôle trop au sérieux, demeurent aveugles à l’absurdité de leurs assertions, pourtant tragiquement performatives. Les scènes de procès sont entrecoupées de séquences de la vie quotidienne de ses différents protagonistes, qu’on suit dans les transports, à leur domicile, en sortie avec leurs amis, etc., ce qui compose petit à petit un portrait réaliste de la ville de Bombay au riche métissage social. Les longs plans séquences immergent le spectateur dans le temps réel du procès. Cet intérêt documentaire est doublé d’un intérêt plastique, avec une jolie utilisation de la profondeur de champ par le directeur de la photographie, Mrinal Desai.

F.L