Un après-midi caniculaire, sœurs, mères et épouses de prisonniers passent de sas en sas pendant des heures en attendant d’accéder à leur quart d’heure de parloir.

De sas en sas explore la sensation d’enfermement que subit toute personne pénétrant dans la prison, pour y travailler ou pour y visiter des proches. La déshumanisation des procédures de routine apparaît notamment à travers deux figures innocentes dans ce lieu où tout le monde se sent coupable : le nouveau surveillant pénitentiaire, que des années de service n’ont pas encore désabusé, et la petite fille qui continue à jouer. Le film évoque aussi le caractère extrêmement genré de la prison, reflet de la société : la quasi-intégralité des emprisonnés sont des hommes, la quasi-intégralité des visiteurs de prison sont des femmes. Les heures d’attente les jours de visite sont l’occasion pour des femmes de milieux sociaux différents de partager leurs expériences, de se reconnaître ou de s’affronter. Par ses cadrages resserrés intégrant fréquemment des grilles, Rachida Brakni réussit très bien à retranscrire la tension de ce lieu hors de la société et sa force de contagion sur les êtres.

F.L.