Libertaires radicaux, Ben (Viggo Mortensen) et Leslie Cash se sont retirés dans la forêt avec leurs six enfants pour vivre en autonomie au contact des éléments au lieu de participer à un système qu’ils ne peuvent souffrir. Lorsque la mère meurt, ses parents organisent contre ses dernières volontés une cérémonie funéraire chrétienne. Le père part alors en mission avec ses enfants pour offrir à sa femme la sépulture qu’elle souhaitait. C’est l’occasion pour eux de se confronter à une réalité dont ils ont été préservés. Et de mesurer les limites de ce père jusque-là Dieu incontesté.

   Captain Fantastic aborde, et c’est trop rare, le sujet de l’éducation, posant nombre de questions passionnantes. Quelle est la pertinence d’une pédagogie qui apprend à être hyper-critique d’un monde dans lequel il faudra pourtant bien vivre ? Peut-on former à être libre ? Quelle est la frontière entre pédagogie hyper volontariste et endoctrinement ? Une pédagogie libérale est-elle réellement moins idéologique ? Tout l’intérêt du film est de n’être ni l’apologie de la vie dans les bois, ni la défense inconditionnelle d’une éducation médiocre, mais d’inciter chacun à réfléchir à ce que serait un ‘’juste milieu’’. Lors de la confrontation des petits prodiges (connaissant déjà à huit ans leur Chomsky sur le bout des doigts) à leurs cousins beaucoup moins ostensiblement idéologisés, chacun en prend pour son grade, les premiers apparaissant comme des singes savants, les seconds révélant qu’à défaut d’être endoctrinés par leurs parents, ils le sont de toute façon – et est-ce vraiment préférable ?... – par une institution scolaire peu ambitieuse mais surtout par les media et le marketing, friands d’espace de cerveau disponible. Au-delà de son intérêt réflexif, Captain Fantastic séduit par son humour. Le décalage des jeunes néo-hippies avec le monde ordinaire est une source inépuisable de comique qui réjouira tous les spectateurs, tandis que leurs nombreuses saillies antireligieuses feront jubiler les plus athées d’entre eux.

F.L.