Après avoir signé un giallo avec Ténèbres qui poussait tous les curseurs du genre à leur paroxysme, le maestro italien Dario Argento revient avec Phenomena au cinéma fantastique. Cependant, n’espérez pas retrouver ici la mise en scène baroque de ces films de sorcières comme Suspiria. En effet, avec Phenomena, le cinéaste cherche à se réinventer et choisit de tourner dans la campagne suisse. Il rompt ici avec les grands ensembles urbains qu’il a magnifiés durant sa carrière. Il adopte également une photographie où domine le blanc et le noir alors qu’il était connu pour être un peintre des couleurs. Enfin, Phenomena est plutôt sobre dans le domaine de la violence.

Pour l’une des premières fois dans sa carrière, ses protagonistes principaux font preuve d’une grande humanité et sont réellement attachants, que ce soient notre jeune héroïne ou le vieux professeur d’anthropologie. Il faut savoir qu’au moment du tournage, Argento vivait alors la fin de son mariage avec Daria Nicolodi. Dans ce film très personnel, alors que sa famille est vouée à vivre des moments difficiles, il souhaite délivrer un message à ses filles sur la nécessité de voir au-delà des apparences et de vivre sa différence. Malgré sa musique rock parfois trop envahissante, Phenomena reste l'une des oeuvres d’Argento qui laisse le plus de souvenirs à ses spectateurs une fois les lumières de la salle de projection rallumées. Un long-métrage envoûtant et sincère, à voir et à revoir !

Mad will