Pari risqué pour le Ken Scott d’adapter le best-seller L’Extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, qui aurait vite pu tourner à l’étalage de cartes postales prises aux quatre coins du monde. Etonnamment, le cinéaste québécois (un peu oublié depuis Starbuck) relève plutôt bien le défi en proposant une comédie certes très consensuelle mais pas déplaisante.

Tout commence à Mumbai, où le jeune Aja, vit seul avec sa mère et fait des petites arnaques dans la rue pour survivre. Devenu adulte et orphelin, il décide de réaliser son rêve : s’envoler pour Paris. A cause d’événements aussi improbables les uns que les autres, Aja, privé de passeport, se retrouve dans la peau d’un réfugié parcourant l’Europe au risque de sa vie, mais avec le but précis de regagner Paris pour retrouver celle qu’il aime. Au cours de son périple, le jeune homme comprend que la vraie richesse ne se compte pas en chiffres.

Pour apprécier le voyage, il faut accepter de vivre le film comme une conte, où (presque) tout est beau, où les migrants somaliens festoient dans les camps de réfugiés, où une actrice de renom (Bérénice Béjo) accueille à bras ouvert un étranger caché dans sa chambre d’hôtel, où une belle américaine tombe immédiatement sous le charme d’un indien dans un magasin de meuble. Ce prérequis une fois admis, on se surprend à rire de Gérard Jugnot en chauffeur  de taxi excédé par les Uber, et des réactions naïves d’Aja, interprété par Dhanush, star du cinéma tamoul ici dans sa première production internationale. Au delà des blagues, des décors somptueux et des scènes musicales empruntés au Bollywood, le film s’aventure intelligemment sur des terrains plus sombres : la situation dramatique des migrants, la pauvreté en Inde et les préjugés.

L’extraordinaire voyage du Fakir est le feel-good movie familial idéal du dimanche, qui même s’il n’évite pas certains clichés, ne tombe jamais dans le ridicule. Une comédie loufoque, sans prétention, porteuse d’un message concis et nécessaire de tolérance.

S.D.