Dans la montagne islandaise, une femme armée d’un arc sabote les lignes électriques du pays. Le résultat est immédiat, l’usine d’aluminium locale est contrainte d’arrêter sa production. Vivement recherchée par la police, celle qui se fait appeler « la Femme des Montagnes » trouve refuge chez un agriculteur du coin pour éviter les patrouilles. Mais qui est donc cette terroriste écolo ? C’est Halla, une quinquagénaire professeure de chant. Activiste de l’ombre, elle milite seule pour la protection de sa nature bien-aimée. Mais alors qu’elle est sur le point d’être attrapée, on lui annonce que sa demande d’adoption a été acceptée et qu’elle sera bientôt l’heureuse maman d’une petite Ukrainienne…

Dans ses pérégrinations, Halla est accompagnée par un orchestre en habits traditionnels qu’elle seule semble voir. Comme les fanfares dans les manifestations, ces musiciens fantômes encouragent Halla dans sa lutte, tout en rythmant le récit par leurs notes tonitruantes. Cette petite fantaisie est la marque du cinéaste décalé Benedikt Erlingsson qui avait déjà intrigué la critique en 2014 avec son premier long métrage Des chevaux et des hommes.  Avec Woman at war, il reste dans son Islande natale pour raconter l’histoire d’une femme qui cherche à se construire à travers son combat pour l’environnement. Halla fait sans cesse corps avec la nature, qu’elle se cache sous la peau d’un mouton mort ou qu’elle plonge son visage dans la mousse des roches pour le revigorer.  Dommage que son engagement s’achève avec celui de la découverte de la maternité, comme si avoir un enfant était l’accomplissement suprême dans la vie d’une femme, qui semblait pourtant déjà si vivante en arpentant les collines en quête de sabotages.

Ce léger faux-pas est vite oublié grâce au fantastique jeu de l’actrice Halldora Geirhardsdottir qui rend le personnage d’Halla si attachant. Le film n’oublie pas l’importance des seconds rôles : ainsi le paysan Sveinjbörn est un très beau personnage d’homme isolé et solidaire et le double d’Halla, sa sœur jumelle Asa, qui est à l’origine du très touchant « twist » de fin.

Woman at war est une œuvre militante dans son sujet et singulière dans son traitement, une œuvre qui fait réfléchir sans oublier de faire rire.

S.D.