Avez-vous déjà imaginé Cristiano Ronaldo vierge avec une paire de seins et l’irrésistible envie d’adopter un enfant réfugié ? Apparemment, Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt oui. Les deux compères, sans doute hantés par l’image du prodige du ballon rond, blessé et en larmes lors de la dernière finale de l’Euro (qui opposait, rappelons-le mais pas trop, la France au Portugal), lui ont créé un alias queer : Diamantino.

Chouchouté et entrainé par son papa depuis sa plus tendre enfance, Diamantino (Carloto Cotta, vu chez Miguel Gomes) a un don pour le football. Sur le terrain il trouve en toute circonstance le chemin du but. Bientôt leader de l’équipe nationale, il fait la fierté de son pays. Son secret ? Suivre les petits bichons maltais qui lui apparaissent en vision lorsqu’il approche la cage de l’adversaire. Un jour, alors qu’il s’apprête à tirer un penalty décisif, les chiots disparaissent au profit d’une immense mer agitée. Tout s’effondre alors quand Diamantino fait perdre son équipe. Devenu paria du jour au lendemain, la star déchue doit affronter un autre drame, la mort subite de son démiurge de père pendant le match. Il se retrouve ainsi livré aux mains de ses sœurs vénales bien décidées à tirer profit de leur petit frère vedette. Mais Diamantino, touché au cœur depuis qu’il a aperçu un radeau de réfugiés depuis son yacht n’a qu’une idée en tête : combler sa solitude et le vide de sa vie en adoptant un jeune rescapé de ces funestes traversées.

A partir de là, il faut laisser, si ce n’est déjà fait, toute rationalité de côté pour entrer dans ce conte de fées trash filmé un peu n’importe comment avec une caméra 16 mm embarquée. A travers la caricature du joueur de foot (virilité outrageuse, un strass dans les oreilles et l’âge mental d’un enfant de 8 ans) incarnée par Diamantino, Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt font mouche sur certaines cibles du temps présent : montée des nationalismes, instrumentalisation des masses, xénophobie, homophobie.

Plus pudique et moins expérimental que Les Garçons Sauvages de Bertrand Mandico, mais proche de son univers pop queer façon Pierre et Gilles, Diamantino s’inscrit dans la lignée de ces ovnis cinématographiques auxquels il faut s’accrocher mais qu’on accueille en salles à bras ouverts.

S.D.