« Il y a un dauphin qui sommeille en chacun de nous ». Sur ces belles paroles tirées de l’autobiographie de Jacques Mayol lues par Jean-Marc Barr s’ouvre le documentaire sur le plongeur français, premier homme à atteindre les 100 mètres en apnée.

Ce sport n’a rien à voir avec la plongée mise à part qu’il nécessite le même amour pour les bas fonds. L’apnée est une discipline très particulière, en lien étroit avec le yoga. Il s’agit en effet de trouver la sérénité intérieure par le contrôle de la respiration, ce qui serait impossible sans un entraînement à terre, physique et mental, au moyen d’exercices validés par des maîtres yogis.

Puisque Le Grand Bleu fête ses trente ans cette année, L’Homme Dauphin est la parfaite occasion de découvrir qui était réellement Jacques Mayol, dont la biographie romancée fut un des grands succès de Luc Besson. Californien d’adoption après avoir laissé femme et enfants en Suède, Jacques Mayol se la coule douce sur la côte Ouest, maîtrisant apparemment aussi bien la technique du flirt que celle de l’apnée. Mais c’est pour Clown, un des dauphins qu’il nourrit à l’aquarium de Miami, que son cœur penche réellement. Pas loin d’une romance façon Shape of Water, c’est auprès du cétacé que Mayol perfectionne son apnée et bat en 1976 le record des 100 mètres sous l’eau.

Parfaitement américanisé (et sosie officiel de Clark Gable), Jacques Mayol est décrit par les nombreuses personnalités interviewées pour le documentaire comme quelqu’un d’opportuniste, à l’ego surdimensionné, mais très sympathique au demeurant, si l’on en croit les larmes qui coulent sur le visage de sa fille ou sur celui de ses anciens compagnons de nage à l’évocation du plongeur défunt. C’est son acharnement pour les records qui amèneront Mayol sur le podium mais aussi jusqu’au fond. Profondément seul et déprimé quand le corps ne suit plus, il choisit, comme l’annonce tristement le journaliste du journal télévisé du 22 décembre 2001, de « rejoindre lui aussi le grand bleu » à l’âge de 74 ans.

L’Homme Dauphin est une sympathique plongée dans l’univers de l’apnée, mêlant des images d’archives des plages californiennes dans les sixties toujours plaisantes à voir, et des témoignages (un peu moins intéressants) de plongeurs contemporains, eux aussi toujours à la recherche de cette sérénité absolue qui, selon leurs dires, ne se trouve que dans les trous noirs de l’océan.

S.D.