Marc Namblard ne feuillette pas d’album photo. Quand on voit cet homme tranquille évoquer son enfance, c’est grâce à des bandes-son qu’il (ré)écoute en famille et que tous commentent attentivement. La maxime entendue dans le film,  « Si on ne nous entend pas, on n’existe pas », est la parfaite illustration de la capacité des espèces à communiquer sur une fréquence propre et ainsi permettre leur expression. Cette citation donne également le ton du film puisque Marc Namblard s’est fait conservateur des sons de la nature.

Deuxième coréalisation de Serge Steyer et Stéphane Manchematin, connus comme les réalisateurs du Complexe de la Salamandre, L’esprit des lieux est un film immersif, magnifique et envoûtant. Il montre la passion d’un homme pour le son. Le concept d’un tel film pourrait intriguer voir inquiéter le cinéphile féru d’images, mais nous sommes très vite happés par la magnificence des captations effectuées en pleine nature. Que ce soit dans le massif des Vosges ou en Guyane, Marc Namblard s'intéresse à tout ce qui fait du bruit, animaux gros et petits, végétaux agités par le vent et même le glace que l’on entend craquer. Ces sons inoubliables sont accompagnés d’images magnifiques, le film restant en permanence au plus près de mère nature qui produit ces sons. Cependant il ne faudrait pas réduire ce concerto pour bruits de la nature à un film réservé aux spécialistes du son. Au contraire, tout est fluide, sans explications techniques remplies de jargons de spécialiste, puisque les éclaircissements sur la pratique de la prise et de l’écoute des sons sont données dans le film par le passionné à sa fille de huit ans. En effet, Marc Namblard s’attache tout particulièrement à transmettre sa passion, à sa famille mais aussi aux enfants des autres lors d’une intervention dans une école. Ces sons serviront ainsi pour un spectacle de musique et de danse, grâce à l’artiste Christian Zanési.

Ce film sans aucune interview ni voix off est une très brillante démonstration de l’importance de l’écoute et de la transmission par l’expérience. Et petit clin d’oeil humoristique, le long-métrage finit sur « à table ! » pour se régaler des sons de Marc Namblard, qui nous feraient sans cela perdre le boire et le manger.

Bravo !

L.S.