Cabal est une œuvre unique, une rencontre inattendue entre le cinéma de Tod Browning et l’univers sadomasochiste du film Hellraiser. Son réalisateur Clive Barker a développé un univers mythologique complexe témoignant d’un goût pour l’occultisme et le mysticisme. Écrivain reconnu, il a signé trois films en tant que réalisateur : HellraiserCabal et Le Maître des illusions. Des expériences qui ne se passeront pas forcément bien.  Le Maître des illusions sera amputé de 20 minutes tandis que Cabal sera remonté par la production sans son accord.  Barker voyait Cabal comme une sorte de Seigneur des anneaux version horrifique alors que ses producteurs voulaient un simple film d'épouvante avec un tueur masqué. Ils vont donc refaire le montage en se concentrant sur le personnage du détraqué joué par David Cronenberg. Cabal sera un échec à sa sortie. Malgré un montage qui a échappé à son réalisateur, c’est un film en l’état passionnant, mais à la construction parfois bancale.

On critique souvent le Web qui serait peuplé seulement de rageux et de dangereux psychopathes. Pourtant c’est Internet qui va nous donner l’occasion de découvrir un nouveau montage du film.  Tout a commencé avec l’évocation sur la toile d’une copie de travail de Barker. D’une qualité douteuse à la limite du VHS, ce montage va être diffusé dans de nombreux festivals, dont le PIFFF à Paris. Grâce à la pression des fans sur Internet, Baker va pouvoir récupérer les rushs de son film et proposer un nouveau montage disponible en DVD Zone 1, intitulé Nightbreed : The Director’s Cut.

Ce nouveau Cabal propose des personnages beaucoup plus développés, plus adultes. L’histoire d’amour est mieux écrite, nous avons en effet le droit à une jolie variation du mythe d'Orphée et Eurydice. Mais surtout dans ce montage, ce sont bien les monstres les vedettes, et non le tueur au masque. Même si le film est parfois trop riche et souffre d’une réalisation inégale, il est avant tout une merveille de fantaisie et un plaidoyer bouleversant pour la différence.

Je vous invite vraiment à récupérer le long-métrage dans la version voulue par le réalisateur pour apprécier pleinement ce petit joyau du cinéma fantastique.

Mad Will