L’année 2017 nous avait présenté d’excellents films de réalisateurs iraniens. (Téhéran tabou, des rêves sans étoiles…) Nous pouvons nous réjouir de découvrir encore en 2018 de très beaux films et de nouveaux talents en Iran. Premier long métrage du réalisateur iranien Vahid Jalilvand, Cas de conscience est un film puissant et subtil. A travers un fait divers somme toute banal, un accident de la route, il met en cause la responsabilité à la fois collective et individuelle dans le dysfonctionnement de la société iranienne. Collective d’abord, car nous voyons que l’argent par défaut (des pauvres n’ont pas les moyens de s’acheter de la nourriture correcte) ou par excès, (il permet d’acheter la conduite d’autres) devient prépondérant dans les relations humaines. Collective encore quand la peur de la police engendre une stratégie d’évitement qui sera le départ de l’histoire, et que celle-ci se retrouve mise en évidence plusieurs fois dans le film. Individuelle ensuite, car c’est la somme de petits laisser-aller qui au final aura de lourdes conséquences. Loin de diluer les erreurs personnelles, le cinéaste montre que la société a une responsabilité écrasante quand elle ne peut corriger simplement les négligences de ses membres.

L’autre sujet abordé est celui des rapports hommes femmes. En effet nous suivons deux couples, un couple marié, un homme et une femme du peuple, pauvres, qui n’ont pas assez de revenus pour vivre décemment, et un couple de médecins légistes. L’art de Vahid Jalilvand est de nous montrer sans en avoir l’air le statut que voudrait imposer aux femmes la société iranienne et aussi la place que celles-ci souhaitent y occuper. En miroir il définit aussi la place de l’homme, qui n’a pas le droit d’être faible ni de montrer ses sentiments.

Un film capital pour comprendre la société iranienne et les soubresauts qui l’agitent.

L.S.