L’adaptation de La Part des tènèbres est l’occasion pour Romero de retravailler autour de l'univers de Stephen King après Creepshow . Les deux maîtres de l’horreur étant amis à la ville, il semblait évident que le cinéaste allait tôt ou tard mettre en images un livre du romancier. Souvent envisagé comme réalisateur sur des adaptations de King comme Simetierre ou Salem, Romero fut rarement choisi par les producteurs d’Hollywood qui craignaient ses desiderata d’auteur.

Le choix d’adapter La Part des tènèbres est particulièrement intéressant de la part d'un cinéaste comme Romero. En effet, le réalisateur n’a eu aucune difficulté à s’identifier au protagoniste principal, un romancier d’horreur qui ne désire qu’une chose : écrire de la littérature blanche. Comme nous avons vu dans ce dossier,  Romero avait souhaité échapper à son statut de metteur en scène de films d’horreur avec son deuxième long-métrage qui lorgnait vers le Nouvel Hollywood. Il est évident que lorsqu’il tournait pour des majors comme Orion, il changeait alors radicalement de style avec un découpage plus classique et une absence d’effets sanglants. Si Incidents de parcours est un chef d’oeuvre, son deuxième film de studio La Part des tènèbres est moins concluant. Une fois encore après Deux yeux maléfiques , il semble trop privilégier les éléments policiers de l’intrigue au détriment de l'argument fantastique. Enfin, le montage a été fait à la va-vite en raison des difficultés financières du studio Orion alors en cessation de paiement. Pas forcement le plus mémorable long-métrage de son auteur, mais une adaptation intéressante d’un roman de King qui n’était pas le meilleur de son auteur.