Budget conséquent pour l’époque puisque le film a quand même coûté 25 millions de dollars, Lifeforce est un blockbuster très efficace et largement sous-estimé. Premier long métrage tourné par Hooper avec la Cannon, le film s’inscrit dans le sillage tracé par Alien le 8e passager et l’engouement du public pour les créatures extraterrestres assoiffés d’humains. Avec Dan O’Bannon au scénario, scénariste sur Alien, l’intention de surfer sur le xénomorphe est affichée même si le script n’a rien en commun avec le film de Ridley Scott.

Alors Lifeforce c’est quoi ?

Au cours d’une expédition spatiale, des caissons contenants 3 membres d’une race extraterrestre sont découverts et ramenés sur Terre. Les autorités comprennent vite que le trio est hostile et qu’il met en péril l’humanité. En effet, ces aliens à l’apparence humaine ont le pouvoir d’absorber l’énergie vitale de ceux qu’ils croisent. La course contre la montre commence.

Disponible sur Netflix, je vous invite vivement à voir ou revoir ce film qui tient encore largement ses promesses grâce à une direction artistique et une mise en scène brillantes. Et même si le scénario d’O’Bannon part vite dans tous les sens, l’ensemble regorge de fulgurances visuelles qui valent le détour. De la magistrale séquence d’ouverture qui convoque d’emblée tout un imaginaire de la science-fiction avec ses corps en apesanteur, ses décors gigantesques et ses caissons de verre, jusqu’aux hordes de zombies dans les rues et les cadavres qui jonchent le sol de la cathédrale lors du climax, le film résonne avec tout un pan de la SF d’Alien à la saga Quatermass. Avec John Dykstra aux effets visuel, le créateur de la société d’effets spéciaux Industrial Light & Magic, une référence incontournable en la matière régulièrement récompensée aux oscars, l’argent a été bien investi.

Lifeforce a du budget et ça se voit à l’image.

Tour à tour film de science-fiction, d’horreur, de zombies, de vampires, Tobe Hooper navigue entre différents genres avec une grande technicité qui assure une cohérence à l’ensemble et confère au film une ambiance unique. Souvent considéré comme l’homme d’un seul film, le Texan possède pourtant un sens aigu de la mise en scène qui redonne un coup de jeune même à des effets simples (la séquence d’ouverture avec la synchronisation de Mathilda May et Steve Railsback tout en fondu-enchaîné et retournement de caméra par exemple) et qui fait mentir plan après plan les grincheux qui voudraient faire de Tobe Hooper un tâcheron sans talent. Bien au contraire, il est flagrant de voir qu’à partir de films confortablement installés sur des sentiers bien balisés il arrive tout de même à imposer sa marque. Lifeforce est à ce titre assez édifiant. Ça ressemble beaucoup aux films de SF grand public et pourtant on sent bien que sous le vernis ça craque un peu. Les séquences cauchemardesques de décomposition des corps qui parsèment la traque de Steve Railsback contre les vampires de l’espace et le côté un peu nudie du film avec la présence vénéneuse et hypnotique de Mathilda May, (pourtant jamais ostentatoire et filmée de manière quasi clinique) renforcent cette idée que le film n’est pas un produit aseptisé de major et détonne dans le paysage cinématographique. Sa sortie en 1985 face à Cocoon ne convainc pas vraiment le public et avec 11 millions de recettes le film est considéré comme un échec.