Making of, le nouveau film de Cédric Kahn, est l’histoire du film d’un film dans le film. Ce n’est pas clair ? L’histoire est pourtant simple. Simon réalise un film sur une grève d’ouvriers qui veulent sauver leur outil de travail. En amont du tournage il embauche un stagiaire pour réaliser un making of. Making of raconte l’histoire du tournage de ce making of et de tout ce qu’il s’est passé sur le tournage et à ses à-côtés.

Mais, comme le dit la formule, rien ne se passe comme prévu. D’une part parce que la personne pressentie pour réaliser le making of n’est vraiment pas à la hauteur des enjeux, et d’autre part parce que les financements du film vont faire défaut, remettant en cause son existence même. Tiens donc ? On ne serait pas en présence d’une histoire déjà connue ? Les acteurs et figurants choisis parmi l’ancienne équipe des ouvriers vont revivre de nouveau ce qui a conduit à la fermeture de leur usine, le réalisateur se trouvant à rejouer la partition du patron. Le triple niveau de tournage s’inscrit alors dans une mise en abyme assez jubilatoire, le réalisateur se retrouvant au pied du mur et forcé à prendre les décisions qu’il dénonce dans son film. Le milieu du cinéma se retrouve alors démythifié, devenant un lieu de travail comme un autre avec ses suppressions de postes à la clef...

Le film du film dans le film se révèle traiter de trois sujets : En un la casse sociale, avec le premier scénario des ouvriers qui défendent leur usine, ensuite les portraits des protagonistes de l’équipe cinématographique, depuis le réalisateur en burn out, jusqu’au petit jeune qui veut faire sa place coûte que coûte, en passant par tous ceux qui défendent - à tort ou à raison - leurs acquis sociaux, et enfin les coulisses d’un tournage qui se passe mal, quand son économie défaille. Mais tout cela est avant tout une comédie fort bien menée, dans laquelle certains des personnages pourront réaliser leurs rêves, et les histoires d’amour se faire et se défaire.

Grâce à la parfaite maitrise de son sujet, Cédric Kahn peut mener le spectateur par le bout du nez grâce à un scénario bien ficelé qui va l’embarquer du début à la fin du (des) films.

À noter aussi l’excellent travail de montage de Yann Dedet, sans lequel le déroulé du (des) films aurait peut-être été moins compréhensible. Ici tout s’imbrique de façon fluide et évite de perdre en route le spectateur, au contraire. Quant aux acteurs, on doit reconnaître qu’ils jouent avec brio, Denis Podalydès en réalisateur, Stefan Crépon en apprenti sauveur et Souheila Yacoub en pasionaria à tous les étages, tous participants à la dynamique et à la réussite du film.

Bref une comédie sociale très amusante qui fera passer à ses spectateurs un bon moment de cinéma.

Laurent Schérer