Second tour, Le nouveau film d’Albert Dupontel suit la même veine que le précédent : une critique de notre société sévère et acerbe, mais traitée avec humour.

Dans cette satire très politique, nous faisons la connaissance de Mademoiselle Pove (excellente Cécile Defrance) et Gus (Nicolas Marié) journalistes de télévision, qui, alors qu’ils étaient dévolus au football, doivent suivre la campagne d’un candidat très à droite pour le second tour de l’élection présidentielle : Pierre-Henri Mercier (incarné par Albert Dupontel lui-même). Cependant derrière leurs airs parfois niais, les deux complices déploient des efforts considérables, leurs investigations les amenant à découvrir des secrets bien cachés.

Albert Dupontel signe avec Second tour une charge héroïque contre les travers de notre société. Avec l’acidité qu’on lui connaît, il dénonce pêle-mêle par le biais de multiples rebondissements, le comportement des financiers, des politiques, des footeux, des chasseurs, sans oublier bien sûr, les médias, et souligne toutes sortes d’hypocrisies. Seuls les défenseurs du climat semblent trouver grâce à ses yeux. Les attaques, même lorsqu’elles manquent de subtilité, parviennent à nous faire rire par leur arrivée inattendue, surprenant ainsi en permanence le spectateur.

Second tour est donc un film drôle, mais dont on sort finalement peu rassuré. D’une part sur la possibilité de notre société à se remettre sur les bons rails, alors que les décisions de nos dirigeants nous font aller droit dans le mur, et d’autre part sur la capacité des électeurs à élire le meilleur président possible. N’aurait-on pas le président que l’on mérite ?

Si Second tour est en deçà de l’excellentissime Adieu les cons, en particulier par son envie de ratisser large, (en plus des sujets déjà cités, Dupontel s’attache à nous parler gémellité et filiation), ainsi que par des choix esthétiques parfois discutables, il n’en demeure pas moins une comédie amère tout à fait regardable et que nous vous conseillons volontiers.

Laurent Schérer