Àma Gloria de Marie Amachoukeli est un récit d’apprentissage filmé du point de vue de Cléo, une fillette de six ans, dont le père veuf a loué les services de Gloria, une nounou capverdienne, pour s’occuper de sa fille. Ces deux-là entretiennent visiblement une relation fusionnelle. Mais Gloria rentre au pays suite au décès de sa mère pour s’occuper de ses propres enfants : Fernanda et César.

À la suite d’une promesse de son père au moment du départ de Gloria, Cléo part en vacances au Cap-Vert chez son ancienne nourrice qui l’accueille avec tendresse. Mais Cléo se rend vite compte que celle-ci n’est pas aussi disponible qu’en France. Elle doit s’occuper de ses affaires, de ses enfants, et de son petit-fils qui vient de naitre. Les relations avec les enfants de Gloria ne sont pas non plus des plus simples et ne permettent pas à Cléo de monopoliser Gloria comme elle pouvait le faire en France. Animée par l’égocentrisme propre à cet âge, Cléo a beaucoup de mal à supporter cette situation. Il faudra donc qu’elle apprenne à couper le cordon et comprendre que ce qu’elle a vécu avec sa nourrice doit être rangé au chapitre des souvenirs, pour laisser la place à un autre type de relation, quelle que soit la tristesse que cet état de fait engendre des deux côtés. En appréhendant par cette expérience ce qu’est la filiation, entre mère adoptive et mère biologique, Cléo pourra se construire et élaborer un travail de deuil, difficile à son âge.

Entrecoupé de séquences poétiques d’animation, ce scénario, simple sans être simpliste, permettra aux spectateurs jeunes et moins jeunes de découvrir un touchant récit d’apprentissage.

Laurent Schérer