Le processus de paix est une comédie à la fois amusante et grinçante, Ilan Klipper nous entrainant dans un règlement de comptes entre les membres d’un couple de CSP+. Écrit à quatre mains avec Camille Chamoux, le film nous invite à une réflexion sur l’amour, la liberté et le féminisme.

Marie (Camille Chamoux, impayable) et Simon (Damien Bonnard) sont les parents de deux charmants enfants. Marie est animatrice radio, Simon enseigne l’histoire à la faculté. Ils ont tout pour s’entendre et vivre une vie heureuse. Mais leur quotidien est pourtant infernal. Les dissensions du couple finissent même par influer sur leur travail. Simon n’opte pas pour le même point de vue sur le conflit israélo-palestinien selon son état d’énervement dû aux crises familiales. Quant à Marie, elle explose au travail faute de pouvoir le faire en famille... C’est pourquoi, las de s’affronter sans cesse, ils mettent au point un protocole de non-dispute grâce à l’élaboration d’une charte en dix points.

Il en ressort un film impertinent, drôle et frais, à l’opposé des contes de fées ou des comédies romantiques, car il aborde la fuite de l’amour liée à la gestion (ou non) du quotidien... Mais si l’on rit, c’est que les solutions adoptées par le couple pour perdurer ne sont d’évidence pas les bonnes. Imposer des règles à l'amour ne le ramène pas. Le réalisateur nous convainc aisément du contraire puisque ce règlement majore à l’inverse les querelles et en fabrique d’autres : « Tu n’as pas respecté la charte ! ». Ce serait plutôt du côté de l’enfance des personnages qu’il faudrait travailler. Quels comportements sont ancrés en eux inconsciemment ou culturellement ? La bonne entente dans le couple commence par une analyse et une réconciliation avec soi-même. Il est illusoire de vouloir faire autrement. La charte universelle des droits du couple n’est qu’un emplâtre sur une jambe de bois.

L’histoire de Marie et Simon est également liée à celle d’une autre famille, celle de la sœur (Sabrina Seyvecou) et du beau-frère (Sofian Khammes), qui sont un couple débordé par leurs enfants, dont la visite inopinée chez Marie et Simon donne lieu à une désopilante scène d'anthologie. Ils sont également au bord de l’explosion, mais choisissent une voie différente pour tenter de résoudre leurs problèmes. Les scènes professionnelles ne manquent pas non plus de piquant, surtout quand Marie, animatrice d’une émission sur la sexualité féminine revendique sa place dans l’équipe face à un patron machiste.

En résumé, Le processus de paix est une comédie drôle et intelligente, portée par des acteurs au meilleur de leur forme, ce dont nous avons actuellement bien besoin.

Laurent Schérer