Après De toutes mes forces le réalisateur Chad Chenouga nous offre de nouveau un très beau film : Le principal.

Sabri Lahlali (Roschdy Zem) est principal adjoint dans un collège de province. Il partage avec sa femme (Marina Hands), dont il est séparé, la garde de son fils adolescent, et doit gérer un frère borderline (Hedi Bouchenafa), dont il cache les débordements à son entourage.

Roschdy Zem incarne parfaitement son personnage. Droit dans ses bottes, il veut faire régner l’ordre autour de lui. Son fils doit avoir une mention au brevet, sa femme lui revenir, les professeurs lui obéir sans discussion, sans parler des élèves surveillés au plus près. Le réalisateur dépeint l’ambigüité d’un comportement rigide qui entraine pour le personnage et ses proches, femme, fils, membres de l’équipe éducative, des moments de tension qui peuvent aller jusqu’au point de rupture. Les seuls moments de répit qu’il s’accorde sont ceux partagés autour de livres avec la principale incarnée par Yolande Moreau.

Chad Chenouga décrit avec brio cet environnement et cet homme qui se veut strict mais qui se révèlera faible face à l’obsession de l’excellence pour son fils. En effet il fera un accroc à ses principes, ce qui le mènera à commettre une faute inexcusable. Le spectateur se rendra alors compte qu’une telle ligne de conduite n’est plus tenable, et qu’un écart, en entrainant de lourdes conséquences, amènera le personnage à changer sa perception du monde. L’art du réalisateur sera alors de tenir son spectateur en haleine, par la façon dont Sabri gérera la situation qu’il a lui-même provoquée, ne pouvant appliquer ses recettes habituelles face à une situation qui lui échappe.

Par cette étude fine d’un caractère Chad Chenouga confirme son statut de réalisateur à suivre.

Laurent Schérer